Le marché mondial du luxe va devoir faire le dos rond dans les mois à venir. Le secteur devrait connaître un fort ralentissement en 2025, pénalisé par le contexte géopolitique et les incertitudes économiques, avec le risque de connaître ses pires turbulences depuis 15 ans même si les perspectives à long terme restent positives, estime une étude du cabinet de conseil Bain and Company. Les ventes du luxe, « sensibles à l’incertitude, sont soumises à une pression croissante, la confiance des consommateurs de luxe se trouvant entamée par les bouleversements économiques, les tensions géopolitiques et commerciales, les fluctuations monétaires et la volatilité des marchés financiers », pointe cette étude publiée jeudi 19 juin.
Marchés en berne
Pour les auteurs de cette étude réalisée en partenariat avec la Fondation Altagamma, qui réunit les grands noms du luxe italien, ces vents contraires pourraient s’avérer les plus soutenus à affronter pour l’industrie depuis une quinzaine d’années. La Chine et les Etats-Unis, marchés phares pour le secteur, connaissent une baisse de la demande, causée aux Etats-Unis par les fluctuations liées aux tarifs douaniers et en Chine par le comportement attentiste de la classe moyenne, considère l’étude. « Nous sommes dans une période assez inhabituelle en matière de turbulence et de volatilité, que ce soit économique, géopolitique… La dépense de luxe dans le monde a beaucoup crû à la sortie du Covid (…), on voit aujourd’hui un retour à la normale », souligne auprès de l’AFP Joëlle de Montgolfier, directrice du pôle luxe chez Bain and Company.
Scénario jugé probable
« Il continue à y avoir un appétit de luxe dans le monde, on n’est pas sur un marché qui s’effondre, très loin de là », nuance-t-elle toutefois. Après un total de 1 478 milliards d’euros en 2024, le marché pourrait ralentir cette année, à commencer par les ventes d’articles de luxe personnels (mode et maroquinerie, joaillerie, horlogerie), lesquels représentent environ un quart du total et sont attendus en recul de -2 % à -5 %, « selon le scénario le plus probable ». L’étude envisage deux autres scénarios, jugés moins consistants. L’un, optimiste, verrait les ventes évoluer entre -2 % et +2 %. L’autre, pessimiste, évoque une chute de la demande et en conséquence des ventes qui flancheraient de -5 % à -9 %.
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