Affaire Dylan Thiry : soupçonné d’avoir financé son train de vie de luxe avec des cagnottes humanitaires, l’influenceur sera jugé en 2026

Le rendez-vous judiciaire était très attendu dans le monde de l’influence. Ce lundi matin, Dylan Thiry, ancien candidat de Koh-Lanta et figure controversée des réseaux sociaux, s’est présenté devant le tribunal correctionnel de Paris pour répondre d’abus de confiance. L’homme, suivi par plus de deux millions d’abonnés, est soupçonné d’avoir détourné plus de 250 000 euros de dons destinés à des missions humanitaires à Madagascar.

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Mais l’audience n’a pas donné lieu à un débat sur le fond. Dans l’après-midi, le tribunal a renvoyé l’affaire à 2026 et ordonné un supplément d’information. Cette phase d’instruction complémentaire doit permettre d’examiner de nouveaux éléments, dont deux interviews accordées par Dylan Thiry : la première, diffusée sur BFMTV en juillet 2023, dans laquelle il affirmait avoir « dépensé tout sauf 10 000 euros » des sommes récoltées ; la seconde, accordée au vidéaste Sam Zirah un an plus tard, où il évoquait son parcours et ses « erreurs ». Les magistrats veulent déterminer si ces déclarations publiques peuvent éclairer son intention et la gestion de son association « Pour nos enfants ».

Où sont passés les dons ?

Créée en décembre 2021, cette structure devait financer des actions en faveur d’enfants défavorisés à Madagascar. Selon l’enquête de la Brigade de répression de la délinquance astucieuse (BRDA), Dylan Thiry a lancé plusieurs cagnottes sur la plateforme Cotizup en 2022, récoltant environ 250 000 euros. Si une partie des fonds aurait bien servi à financer des distributions alimentaires et la construction d’un puits, plus de 70 % de la somme aurait été transférée sur le compte personnel de l’influenceur, ouvert en Lituanie.

Les enquêteurs estiment qu’une large part de cet argent a été utilisée pour entretenir son train de vie à Dubaï : achat d’une Mercedes AMG à 81 000 euros, puis d’un 4×4 Mercedes Classe G, paiement du loyer annuel de 48 000 euros, vêtements de luxe… Autant de dépenses financées, selon eux, par les dons. L’association, minée par la polémique, a été dissoute fin 2022.

Son agente a aussi porté plainte

L’ancienne agente de Dylan Thiry, Sandra D., vice-présidente de l’association, est également poursuivie. Son avocat, Me Tom Michel, affirme qu’elle a été « victime » de l’influenceur : « Elle a fait les virements parce que cela lui était demandé par un influenceur en qui elle avait confiance et qui avait ce projet humanitaire. Pas une seconde elle n’a pensé que cet argent allait pouvoir être détourné », explique-t-il à BFMTV, rappelant qu’elle a elle-même porté plainte en 2023 pour dénoncer le manque de transparence du projet. La BRDA lui reproche d’avoir effectué les virements des cagnottes vers le compte de Dylan Thiry, sans jamais ouvrir de compte associatif dédié.

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Pour Mehdi Mazi, cofondateur du collectif Aide aux victimes d’influenceurs (AVI), cette affaire illustre les dérives d’un milieu où la notoriété sert parfois à inspirer la confiance. Il espère une « condamnation exemplaire », estimant que le public doit être mieux protégé face à des influenceurs qui « instrumentalisent la misère » pour récolter des fonds.

En attendant le procès sur le fond, prévu pour décembre 2026, Dylan Thiry continue de se montrer sur les réseaux sociaux, se filmant en train de nourrir des enfants ou de distribuer de l’eau dans des villages. Ces nouvelles images, postées après la dissolution de son association, ne précisent pas dans quel cadre elles ont été tournées.