Si les Chinois ont inventé la porcelaine, Limoges lui offre ses lettres les plus hype ! Car c’est ici, dans cette métropole de 208 000 habitants, que les designers et artistes de renom se pressent pour concevoir des œuvres d’art en or blanc. En témoigne la collection de meubles réalisée par les frères Campana, les vases majestueux d’Olivier Gagnère, la vaisselle ornée de photos de mains par Prune Nourry et JR, les célèbres Balloon Dogs de Jeff Koons ou encore la théière géante imaginée par la plasticienne portugaise Joana Vasconcelos…
Chez Bernardaud, fleuron de la porcelaine de Limoges depuis plus de cent soixante ans, et qui a réussi à conserver sa direction familiale, les collaborations VIP sont les témoignages d’un savoir-faire plus que jamais désiré. « Les artistes bousculent notre créativité, atteste Frédéric Bernardaud, directeur de la création. Travailler avec eux, imaginer de nouvelles choses, c’est être ancré dans notre époque. Comme ils ignorent nos techniques de fabrication, ils laissent libre cours à leurs idées et nous poussent à trouver des solutions, à réfléchir à des innovations technologiques pour obtenir des décors, des effets de texture ou des formes inédites. » Et parfois même à réapprendre des gestes oubliés. Exemple avec le pastillage, un procédé d’ornementation datant du XVIIIe siècle qui consiste à sculpter à la main une boule (appelée pastille) de porcelaine pour former des pétales avant de les rassembler et de créer ainsi des fleurs ou tout autre décor.
Un paysage vivant
C’est précisément ce petit geste délicat que Kazuyo Sejima, l’architecte japonaise qui a signé, entre autres, la rénovation de la Samaritaine à Paris et le New Museum of Contemporary Art à New York, a récemment demandé à la manufacture Bernardaud de remettre au goût du jour. « En 2022, lors d’une visite au musée d’Art contemporain de Kanazawa, au Japon, Sejima découvre l’exposition “Jeff Koons x Bernardaud”, raconte Frédéric Bernardaud. Impressionnée par la finesse et la qualité d’exécution des œuvres en porcelaine, elle décide de venir nous voir à Limoges. Bien évidemment, nous avons conclu notre collaboration autour d’une bonne blanquette de veau limousine ! » Des boîtes au toucher velours, des porte-couverts en biscuit de porcelaine d’une extrême blancheur, en forme de fleurs ou de fruits japonais (ran, tsubaki, kiku, biwa, hoshi et yuri)… Les pièces de la collection « Jardin de table » forment un paysage vivant. « Nous avons souhaité faire de la table un jardin, explique Kazuyo Sejima. Comme dans notre architecture, nous relions l’intérieur à l’extérieur, en rapprochant la nature et la vie quotidienne. »

Couture plateau sur le mocassin 180, le best-seller de la marque. © LUCAS LEHMANN
Chez le chausseur J.M. Weston, qui, en dépit de la consonance anglo-saxonne de son nom, est bel et bien une manufacture limougeaude depuis 1891, les Japonais se bousculent aussi pour apprendre le savoir-faire d’exception de ses 140 artisans et ouvriers. Cet engouement, la marque le doit à sa fondation qui, dans le but de préserver l’expertise de ces métiers manuels, organise chaque année son propre concours. Les quatre lauréats sont deux artisans de chez J.M. Weston et deux cordonniers japonais (le Japon est, après la France, le marché le plus important du chausseur). Les premiers ont ensuite le plaisir de partir découvrir l’art bottier des seconds, et vice-versa.
Côté français, direction Scotch Grain, à Tokyo, un petit atelier de réparation de chaussures avec qui J.M. Weston collabore depuis des années. Et pour les Tokyoïtes, cap sur Limoges, dans la célèbre manufacture. C’est donc ici, à 10 000 kilomètres de chez eux, que les élus de l’édition 2025, Shoko Iwasaki et Tetsuya Kurata, ont installé leurs valises pour un mois de formation.
L’objectif ? Apprendre à réaliser une paire de chaussures de A à Z

Embauchoir en bois conçu spécialement pour le chausseur. © LUCAS LEHMANN
L’objectif ? Apprendre à réaliser une paire de chaussures de A à Z. Un défi de haute voltige, car la fabrication d’une Weston nécessite 180 prises en main, telles que la coupe des peaux, la piqûre, le montage ou encore le bichonnage. « Je suis très impressionnée par la minutie du travail des artisans français, explique la jeune cordonnière Shoko Iwasaki. Ils ont une maîtrise incroyable du geste qui rend leur travail beaucoup plus efficace et tellement plus performant que chez nous. » Un sentiment partagé par Tetsuya Kurata : « Au Japon, la rapidité d’exécution est le maître-mot de la création, contrairement à la France, où l’on n’hésite pas à prendre son temps pour faire de belles choses. Et si j’ajoute à cette expérience ma nouvelle passion pour les pâtisseries et le bœuf limousin, une seule idée me vient en tête : rester ici ! » Et pourquoi pas intégrer l’école des ateliers Weston, lancée en 2015, et sa formation diplômante d’un an qui permet d’obtenir un certificat d’aptitude professionnel (CAP) de cordonnier-bottier ?
Les métiers de l’artisanat du luxe français seraient-ils le nouvel eldorado des petites mains ? Oui, à en croire l’école des savoir-faire de la maison Hermès, située à Saint-Junien, berceau historique des tanneurs et des mégissiers. Dans cette ancienne usine de traitement de la laine de mouton, transformée en ganterie-maroquinerie en 2023 par le géant du luxe, le CAP maroquinerie, et sa formation de dix-huit mois rémunérée, séduit de plus en plus. Sur des chutes de cuir inutilisables et cependant précieuses, les étudiants apprennent à monter des gants, mais aussi à assembler des sacs Kelly et Birkin, soit les modèles les plus prisés par les célébrités du monde entier. « Je suis venue ici grâce au bouche à oreille, explique Marie, 22 ans. J’étais dans la vente et je n’avais aucune expérience du cuir. Comme je suis un peu manuelle et que mon grand-père rêvait de me voir travailler chez Hermès, j’ai fini par tenter ma chance. »
Pari réussi.Marie a rejoint en mai dernier l’une des deux sessions de recrutement que l’école organise chaque année, soit dix nouveaux élèves tous les six mois. « Nous avons une dizaine de pôles de production en maroquinerie en France, et chacun d’eux dispose de son école, atteste Guillaume de Seynes, directeur général du pôle amont et participations chez Hermès. Ces formations sont indispensables pour assurer la préservation de notre savoir-faire artisanal, dont le fameux point sellier, notre geste signature. Il ne faut pas oublier que depuis sa création, en 1837, la maison utilise des techniques issues de la sellerie pour faire des objets de maroquinerie. C’est pourquoi les artisans sont tous formés au métier de sellier-maroquinier. Et donc à des gestes que l’on ne retrouve pas dans la maroquinerie classique. » Des mots qui font écho à la pensée de Darwin : « L’homme n’aurait jamais atteint sa place prépondérante dans le monde sans l’usage de ses mains. »
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