On pourrait se croire dans un atelier de joaillerie haut de gamme. Le silence prévaut. Ici, de splendides pièces en aluminum posées l’une à côté de l’autre sur des rayonnages bien nets ; là, un homme qui bichonne une selle en cuir ; là encore, un autre qui polit et repolit à la main une pièce de métal. On est pourtant, à quelques kilomètres de Toulouse, dans l’atelier de Brough Superior. Chaque année, une centaine de motos en sont issues. Elles sont façonnées sur mesure, pièce par pièce, sous l’œil de sir T. E. Lawrence, dont le visage placardé sur un mur semble veiller sur l’atelier.
Lawrence d’Arabie, c’est lui, raffolait des machines Brough Superior. Il en posséda sept, au guidon desquelles il parcourut 200 000 kilomètres de routes anglaises. Il se tua sur l’une d’elles, en 1935. D’ailleurs, la scène ouvre le film de David Lean. Lawrence d’Arabie, joué par Peter O’Toole, reste l’icône de la marque. Après un abandon de quelque soixante-dix années, à la veille de la Secondee Guerre, elle renaît en 2013 grâce un fou de belles motos, Thierry Henriette. Il rachète d’abord la licence, puis l’ensemble de la marque, avec à ses côtés Albert Castaigne.
Depuis, plusieurs gammes de machines sont sorties des ateliers de Toulouse, dérivées du modèle mythique, la SS100 (pour Super Sport et 100 milles, environ 160 km/h, un exploit dans les années 1920). Elles sont produites avec des matériaux de pointe issus, pour 80 %, des environs, et notamment du secteur aéronautique toulousain : titane, carbone, aluminium taillé dans la masse, etc. Chaque machine est une petite œuvre d’art, qui nécessite une centaine d’heures de travail. Du moteur (un bicylindre de 1 000 cm3) au cadre, en passant par la ligne d’échappement, les pièces sont majoritairement conçues et produites par la petite société.
La Dagger n’échappe pas à la règle artisanale. Le nouveau modèle sera produit à 300 unités, uniquement sur commande. Inspirée elle aussi par sir T. E. Lawrence (« dagger », c’est la dague, celle qu’il reçut après sa victoire à Aqaba en 1917), cette moto se distingue toutefois de la SS100. Par sa ligne, la Dagger se rapproche d’un roadster haut de gamme, dans la lignée d’une Ducati Diavel. L’empattement a été un peu réduit (de 1 540 à 1 490 cm) pour plus de vivacité, les roues passent à 17 pouces (contre 18 sur la SS100) et le moteur a été revu afin d’offrir plus de coffre à tous les régimes, garantit le constructeur. Le bicylindre en V à 88 degrés, doté de 4 soupapes par cylindre, délivre 102 ch et fournit un couple de 87 Nm à 7 300 tr/min. La transmission secondaire est assurée par une chaîne et, contrairement au modèle historique, le nouveau moteur est conforme à la norme Euro 5.
La machine est dépouillée, comme pour parfaire l’impression de rouler aux côtés (ou à la place de ?) sir Lawrence. L’instrumentation est minimaliste. Elle se limite à un gros cadran qui affiche la vitesse, le compte-tours numérique étant relégué dans une fenêtre microscopique. Aucune aide au pilotage, pas de système Keyless, zéro suspension pilotable, point de poignées chauffantes, on est ici au guidon d’une œuvre d’art brute. Le moteur est gorgé de puissance à tous les régimes, le freinage, assuré par de doubles disques Beringer (à l’avant), est radical et le pilotage, étonnement aisé. Grâce à un système ingénieux qui découple le guidon de la fourche avant, on avale les imperfections de la route sans à-coups dans les bras. D’aspect massif, la Dagger n’est pourtant pas trop lourde, affichant 200 kg à sec.
À l’image de la SS100, la Dagger a des airs de Bugatti sur deux-roues, luxueuse et puissante, mais simple, tellement simple à mener. Le parallèle avec la marque alsacienne de voitures très haut de gamme vaut aussi pour le tarif : la Dagger est affichée à 69 500 euros. Le prix pour rouler, ou juste pour le plaisir de posséder une Brough Superior. Selon le constructeur, un tiers des acheteurs ne pilotent jamais leur machine.
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