Cela faisait un moment que l’idée d’un autre avenir sur l’emprise de l’ancienne gare ferroviaire trottait dans la tête du conseil municipal de Fouras. Bien sûr, les élus promettaient une concertation qui n’est jamais venue. Et ce jeudi, en conseil municipal, ils ont dégainé : la Maison des associations et le centre de colonies de vacances seront rasés pour accueillir… un hôtel 4 étoiles. Au revoir le tourisme social et populaire, vive le tourisme des riches.
Fini le tourisme social
Inutile de dire que l’opposition tombait de sa chaise. Elle avait déjà dénoncé une « vision néolibérale » en craignant « une opération immobilière » lorsqu’en 2020, la mairie n’avait pas renouvelé la convention avec la Fédération des œuvres laïques qui gérait le centre de séjours. La mairie s’en défendait à l’époque, mais nous y voilà.
Jean-Luc Richard
Pour la majorité, « le projet est primordial pour l’avenir de Fouras ». Forcément, la vente du terrain pour 2 467 680 euros mettra du beurre dans les épinards. Tant pis si on vend les bijoux de famille. De toute façon, pour le maire Daniel Coirier (LR), qui avait invité l’avocat de la commune pour assurer la parade, « il n’y avait pas trop de choix pour l’emplacement sur la presqu’île ».
L’affaire ne sera pas simple. Le plan local d’urbanisme devra être modifié, les espaces publics contigus seront désaffectés et déclassés, avant que les autorisations d’urbanisme ne soient délivrées et que le compromis de vente, avec obligation réciproque des parties pour plus de précaution, ne soit signé.
Il faut faire vite
Le projet à peine présenté, les élus annonçaient qu’il fallait faire vite : la signature du sous-seing devra se faire avant la fin de l’année. Dans trois petits mois. Cette « précipitation » faisait dire à l’opposition que l’affaire était déjà bien ficelée. Mais elle se demandait pourquoi si vite ? Car l’hôtel n’ouvrirait pas avant cinq ans.
L’opposition a eu beau réclamer du temps pour choisir mieux et peut-être un autre opérateur, l’entrepreneur a l’air pressé. L’idée de Jean-François Harlet d’un « écoquartier pour rajeunir la ville, l’embellir et attirer de jeunes couples avec enfants » n’aura pas pesé lourd dans la balance. Les jeux étaient faits.
Mais au fait, où iront les associations qui vont perdre leur maison commune ? L’opposant Yann Berret a pourtant posé deux fois la question, il n’a pas eu de réponse. Daniel Coirier s’est borné à dire que « le produit de la vente permettra de réinjecter des moyens dans des projets fourasins ». Lesquels ? Mystère. En rappelant « son attachement à Fouras et à son tissu associatif », le maire convaincra-t-il les associations ? En tout cas, ça n’a pas suffi pour embarquer l’opposition.
Le projet
C’est le groupe bordelais Victoria Compagnie Financière, présidé par le Fourasin Jacky Audevard (qui a construit, voilà quinze ans environ, la résidence « Les Terrasses de Fort Boyard » plage sud), qui construira l’hôtel. Sur une parcelle de 7 900 m², l’établissement occupera au moins 4 900 m² au sol sur deux étages avec rooftop. Il y aura 100 chambres dont 16 suites, un resto gastronomique, une brasserie, une piscine, un spa, des salles de réunion, une salle de conférences, environ 55 places de parking, un jardin paysager, un parvis et un potager. La gestion sera confiée à une structure dont le nom n’a pas été communiqué.
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