Après les spiritueux, le porc et les produits laitiers, les articles de luxe vont-ils aussi faire l’objet de mesures protectionnistes ? La question inquiète le secteur européen et cela s’est ressenti sur les marchés mardi. Après l’annonce des mesures chinoises visant les spiritueux européens – le dépôt de garantie auprès des douanes chinoises imposé à tout importateur de ce type d’alcool -, les valeurs du luxe ont en effet reculé en Bourse.
Ainsi, LVMH a cédé -3,57%, à 655,50 euros, à la clôture. Kering a perdu -4,45%, à 236,35 euros et presqu’autant pour Burberry (-4,39% à 644 pence sterling, environ 7,68 euros). Christian Dior a reculé de -2,75%, à 618 euros et Ferragamo de -1,98%, à 6,7 euros. Hermès s’en est le mieux sorti avec une baisse de -0,60% à 2.149 euros.
Pour rappel, cette mesure visant les spiritueux européens s’inscrit dans une guerre commerciale entre la Chine et l’Union européenne. Les deux puissances ont lancé différentes procédures, s’accusant mutuellement de concurrence déloyale. La plus emblématique concerne les véhicules électriques chinois vendus dans l’UE. Bruxelles juge leur prix artificiellement bas en raison de subventions illégales de l’État chinois.
C’est la raison pour laquelle, vendredi dernier, les pays membres de l’UE ont confirmé lors d’un vote l’imposition de droits de douane sur les voitures électriques importées de Chine. Dans la foulée, Pékin a annoncé l’instauration de mesure contre les spiritueux européens, qui apparaît donc comme des représailles.
Pas dans l’intérêt de Pékin
Reste que les craintes des investisseurs pour le luxe ne sont pas partagées par tous, notamment par les analystes. Le directeur des activités en Chine du cabinet de conseil Digital Luxury Group, Jacques Roizen, estime en effet que cibler les produits de luxe irait à l’encontre des politiques. Ces dernières ont toujours été favorables aux entreprises de luxe dans la deuxième économie mondiale. De fait, Pékin est désireuse de maintenir les dépenses vers le secteur plutôt que de voir ses consommateurs dépenser sur les marchés étrangers.
L’expert cite ainsi l’exemple de Hainan. Cette province insulaire est devenue un important centre de vente hors taxes, en grande partie parce que les responsables politiques ont reconnu que les dépenses de luxe en Chine étaient bénéfiques pour le pays. « Lorsque les ventes de produits de luxe ont lieu en Chine, cela se traduit par une augmentation des recettes fiscales, ce qui n’est pas négligeable », explique-t-il.
« Si un nouvel environnement fiscal obligeait les marques de luxe à augmenter leurs prix en Chine, les consommateurs chinois seraient davantage incités à effectuer leurs dépenses de luxe en dehors de la Chine, ce qui va à l’encontre de ce que souhaite le gouvernement », appuie l’expert.
Pour Albert Hu, professeur d’économie à la China Europe International Business School de Shanghai, la taille de l’industrie du luxe en Chine pourrait en faire une cible moins probable pour Pékin. Autre argument de poids : les produits ciblés par des mesures protectionnistes le sont parce que Pékin assure avoir des preuves de dumping de la part de l’UE.
Or, du fait de la nature même des produits de luxe, il est ardu de défendre avec bon sens de telles revendications. « Il est difficile de justifier en toute logique le dumping d’un sac à main coûtant 2.000 dollars », souligne Jelena Sokolova, analyste chez Morningstar.
Volonté de dialoguer
Le secteur du luxe peut donc vraisemblablement souffler. Et l’ensemble des marchés aussi apparemment. « Je pense qu’à ce stade, ni l’UE ni la Chine ne souhaitent une guerre commerciale à grande échelle qui nuirait aux deux économies », estime Albert Hu. Il voit d’ailleurs dans l’orchestration des cibles de représailles par la Chine, relativement prudente jusqu’à présent, une preuve que Pékin souhaite continuer à négocier et à travailler à un compromis avec Bruxelles. D’ailleurs, l’obligation du dépôt auprès des douanes chinoises pour les importateurs de spiritueux européens n’est qu’une garantie. Elle ne sera débitée rétroactivement que si la Chine décide formellement d’appliquer des surtaxes douanières, ce qui n’est pas encore le cas.
Rien n’est non plus complètement acté du côté de l’UE concernant son projet de droits de douane supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois. Le dialogue se poursuit en effet entre le commissaire européen, Valdis Dombrovskis, et le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao. À tout moment, les surtaxes pourraient être supprimées si une solution négociée était trouvée pour compenser le préjudice identifié par l’enquête européenne. Ce qui permettrait de calmer l’escalade qu’est en train de prendre cette guerre commerciale entre les deux puissances.
(Avec AFP)
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