De grandes baies vitrées donnant sur la Meuse et la forêt ardennaise qui commence à prendre des couleurs automnales. À l’intérieur de ce grand bâtiment, des sacs à main en cuir de luxe sont créés par des mains expertes. Birkin, Kelly, Constance, 24/24, Lindy. Ces sacs emblématiques de la maison de couture Hermes sont fabriqués depuis 20 ans ici à Bogny-sur-Meuse par 250 artisans maroquiniers selliers. Un bel anniversaire a l’occasion duquel l’entreprise a exceptionnellement accepté d’ouvrir ses portes à L’Ardennais jeudi 10 octobre 2024.
Ici, le terme d’artisan n’est pas galvaudé. Les gestes que les salariés effectuent, chacun à leur établi de travail, sont les mêmes depuis toujours. Chaque sac est réalisé à la main du début jusqu’à la fin par le même artisan. Ainsi, dans les huit ateliers qui composent l’espace, chacun est à une étape de fabrication différente.
Des gestes précis et rapides
Certains cousent, d’autres appliquent de la colle, galbent le cuir ou d’autres encore retournent un sac. C’est l’étape que réalise Laurent, qui travaille pour Hermès depuis 20 ans, au moment de notre venue. Une étape très délicate. « Cela demande d’abord d’assouplir le cuir à la main, et de réaliser ensuite des gestes précis avec rapidité », commente Emmanuel Pommier, directeur général du pôle artisanal Hermès maroquinerie sellerie. En face de Laurent, Jessica, salariée chez Hermes depuis 20 ans commence la confection de sacs Kelly. « C’est un sac qui demande beaucoup de savoir faire, je l’aime bien, il est très complet », explique-t-elle.
Chaque artisan fabrique en même temps entre deux et quatre sacs identiques avant de passer à un autre modèle, observe-t-on. « Au cours de leur formation initiale, les artisans sont formés à un modèle de sac, puis ils sont par la suite formés à de nouveaux modèles tout au long de leur carrière », explique Emmanuel Pommier. Et pourtant le travail est loin d’être répétitif, la variété des gestes est très importante et les outils nécessaires nombreux.
« Même si c’est le même modèle, les tailles et les cuirs sont différents. J’aime beaucoup de Birkin, il peut être décliné de tellement de façons », explique Ophélie, artisan maroquinier sellier depuis 2019 après avoir été dans une première vie coiffeuse et vendeuse.
Un savoir-faire
Si le travail du cuir est central dans la confection d’un sac, le métal est aussi travaillé pour fixer les éléments de fermeture sur certains modèles de sac. La fixation des plaques de métal s’appelle dans le milieu « le perlage ». Une étape cruciale et délicate que Sophie, nous montre. « Il faut être concentrée pour ne pas déraper et faire une rayure. C’est pour cela que j’utilise un plastique de protection. Le résultat doit être parfait. Si la fixation accroche, je dois la reprendre jusqu’à ce que ce soit bien lisse », explique-t-elle.
L’entreprise a bien évidemment à cœur de proposer des sacs de grande qualité « des sacs qui vont bien vieillir, bien se patiner dans le temps », fait remarquer Emmanuel Pommier.
Quant à savoir combien de temps il faut pour faire un sac, les artisans sont assez vagues dans leurs réponses. « Deux jours en moyenne », annonce quant à lui Emmanuel Pommier, qui ne dévoilera pas le nombre de sacs fabriqués ici où l’on insiste davantage sur l’excellence, la qualité, le savoir-faire, la rigueur, la précision que sur la quantité ou la productivité. Sait-on seulement que 90 % des articles de maroquinerie sont vendus à l’étranger.
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