Inza Koné : « La primatologie n’est pas un luxe, c’est une nécessité pour les forêts africaines

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Lauréat des Prix Rolex à l’esprit d’entreprise 2023, Inza Koné est le premier primatologue ivoirien et se décrit lui-même comme « l’avocat des singes », auxquels il a dédié sa vie. Nous comprenons au fil d’un entretien passionné et passionnant, qu’il est bien plus que cela. Les primates sont aujourd’hui le dénominateur commun d’un écosystème d’engagements et d’activités bien plus large. De la recherche à la sensibilisation, en passant par le suivi écologique et le soutien au développement des communautés locales, Inza Koné est devenu un véritable gardien pour les forêts d’Afrique de l’Ouest. Son esprit pionnier, sa personnalité hors du commun et un souci viscéral de l’environnement en font un partenaire naturel de l’Initiative Perpetual Planet de Rolex.

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Du singe à son écosystème

L’aventure commence avec quatre protagonistes fragiles et menacés d’extinction : le cercopithèque de Roloway, le mangabey couronné, le colobe magistrat et le colobe rouge de Miss Waldron. Ces primates aux noms évocateurs survivent difficilement au cœur de la Forêt des Marais Tanoé-Ehy, au sud-est de la Côte d’Ivoire. Après avoir travaillé des années dans le parc de Taï, de l’autre côté du pays, Inza Koné décide en 2004 de se concentrer sur cette région oubliée de la communauté scientifique internationale. Depuis toujours, le chercheur a compris qu’une démarche de conservation efficace doit prendre en compte un contexte socio-économique complexe. Il nous explique avoir « fait office de pionnier dans la responsabilisation des communautés locales pour la conservation des patrimoines naturels ».

Aujourd’hui, son activité s’étend de la sensibilisation des populations au développement des pratiques d’agroforesterie, propres à favoriser une gestion durable des forêts sans faire l’impasse sur la dimension économique du problème. « Les groupes de femmes que nous avons soutenues pour la production et la transformation du manioc ont pu multiplier leur production par 4 et leurs revenus mensuels par 10. Elles sont aujourd’hui prêtes à reverser une part de leurs revenus pour la conservation », précise-t-il. Les singes, les humains et la nature qui les abritent se trouvent ainsi reliés par un lien vital. « Pendant longtemps, la primatologie a été considérée comme un luxe en Afrique. Nous sommes en train de montrer que c’est une nécessité. Elle est essentielle pour la régénération des forêts, elle-même très importante pour l’agriculture ou la pêche qui contribuent au développement économique », explique Inza Koné.

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De braconnier à éco-garde

Au cœur de cet engagement holistique, la dimension humaine est incontournable. « Je cherche d’abord à savoir ce que les gens savent de la forêt. Car lorsqu’on explique aux habitants que leur forêt abrite des espèces de singes uniques au monde, ils se rendent compte qu’ils ont un trésor sous la main et deviennent les gardiens de ce trésor ». C’est d’ailleurs chez les anciens braconniers qu’Inza Koné recrute les éco-gardes. Ces derniers ont en effet développé une connaissance empirique du comportement des animaux que même les meilleurs scientifiques ne peuvent égaler. « Ils peuvent identifier un singe à la trace que ses mâchoires ont laissé sur une feuille », lance le scientifique avec admiration.

Celui qui a toujours travaillé avec les communautés locales souligne également l’importance de la formation. La capacité à respecter les lois, l’utilisation de certaines technologies ou l’efficacité organisationnelle demandent ainsi un « coaching permanent ». Enfin, la question de la confiance s’impose comme une clef de voûte des efforts de conservation, face à des populations parfois méfiantes. « Lors d’une des expéditions au cœur de la forêt, nous ne parvenions pas à localiser une espèce de colobe. Un local nous a fait remarquer que nous n’avions pas réalisé le rituel nécessaire. Juste après avoir corrigé notre erreur, nous avons entendu le cri du primate », explique Inza Koné dans un mélange d’amusement et d’admiration.

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L’impact pour boussole

Pour l’avenir, Inza Koné déborde de projets, et il souligne l’importance des Prix Rolex à l’esprit d’entreprise afin de faciliter leur mise en place. « Il faut élaborer un plan de gestion qui comprend une dimension transfrontalière avec le Ghana. Il faut multiplier les partenariats et mettre à profit les technologies, comme les drones qui nous permettent de surveiller une grande surface de forêt en très peu de temps. Nous devons également intensifier notre activité d’agroforesterie, et les Prix Rolex vont nous permettre des avancées significatives en la matière », détaille-t-il avant de conclure. « Nous partageons la quête d’excellence avec Rolex. L’Initiative Perpetual Planet met l’accent sur les impacts tangibles, la transformation et les changements de paradigmes. Ce sont des valeurs qui nous parlent parce que nous avons toujours fonctionné de cette façon ».

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