Annoncée mi-septembre, la relocalisation de la production du fabricant de lunettes de luxe Icare, actuellement basé à Hong Kong, à Vendôme dans le Loir-et-Cher, se concrétisera au premier semestre 2025 avec l’implantation sur deux sites distincts. L’infrastructure industrielle et logistique de l’entreprise prendra place dans un bâtiment de 2 500 m², anciennement occupé par Thales Avionics, sur le site du Bois de l’Oratoire, à proximité de la gare TGV. Parallèlement, Icare ouvrira un showroom au centre-ville, dans une ancienne écurie de la caserne militaire Rochambeau, sur une surface d’environ 1 100 m².
En plus de sa relocalisation, la société, qui a réalisé 45 millions d’euros de chiffre d’affaires l’année dernière, prévoit le recrutement localement de 80 à 100 collaborateurs. En concurrence avec Senlis dans l’Oise, Vendôme a finalement emporté l’adhésion de Cédric Bimar, expatrié français en Asie et fondateur de la société. « Après un long processus de sélection, nous avons trouvé à Vendôme et dans la Région Centre-Val-de-Loire l’accompagnement, le dynamisme et l’efficacité dont nous avions besoin, mais aussi le charme que nous recherchions pour nous installer en France », explique le PDG d’Icare.
A Paris en 45 minutes
La ville du Loir-et-Cher recense 17 000 habitants et déjà trois autres majors françaises du luxe. Ainsi le maroquinier Vuitton a installé en 2022 deux ateliers dans l’immense bâtiment dit Régence, situé dans le même quartier Rochambeau. Spécialisés dans le travail des peausseries exotiques, ils ont nécessité un investissement compris entre 15 et 20 millions d’euros pour la rénovation de ce bâtiment datant du XVIIIe siècle et l’aménagement du nouvel outil de travail. Vuitton, qui a déjà recruté environ 200 salariés à Vendôme, compte par ailleurs ouvrir une troisième fabrique l’année prochaine, également sur la zone du Bois de l’oratoire.
La proximité du cœur de la Capitale, à 45 minutes de la gare TGV de Vendôme-Villiers, constitue un atout de taille pour l’attractivité de la ville. Elle a largement poussé le parfumeur haut de gamme Sisley, déjà présent à Villebarou, dans l’agglomération de Blois, à installer un nouvel atelier de production à Vendôme fin 2025. A la clé, un investissement de l’ordre de 35 millions d’euros, supporté par le groupe présidé par Philippe d’Ornano qui compte embaucher 150 collaborateurs. La fabrique de porcelaines de luxe Marie Daâge, dont le siège est situé à Paris, a fait le même calcul géographique en prévoyant l’installation d’une troisième unité en Loir-et-Cher, après Limoges et Rouen. « Notre clientèle est à 80% étrangère et séjourne systématiquement dans la capitale, Il est donc essentiel de pouvoir la relier rapidement, explique Axelle Rénié, directrice générale de cette PME de 30 personnes, fondée par sa mère Marie Daâge. Vendôme est située également sur le trajet de Limoges où nous possédons une petite unité ». Le futur atelier de peinture sur porcelaine à main levée de 500 m2 ouvrira en principe en septembre 2025 et regroupera une douzaine de collaborateurs au sein du même quartier Rochambeau.
La qualité de l’accueil plutôt que les subventions
« L’aspect patrimonial contribue de fait aussi à l’attractivité de Vendôme, se félicite Laurent Brillard, maire LR de la ville, réélu pour un second mandat en 2022. Vendôme possède un bâti riche et harmonieux, qui séduit au premier chef les maisons d’excellence. Elles ont de surcroît à cœur de participer à sa réhabilitation dans les règles de l’art en s’y installant ». Marie Daâge investira ainsi de fait entre un et deux millions dans sa nouvelle unité. Si le maire de Vendôme préfère parler d’excellence plutôt que de luxe, sa stratégie ainsi que celle de Territoires vendômois s’appuie sur un troisième levier, afin d’attirer « la crème » des belles manufactures hexagonales.
La ville joue sur sa réactivité vis-à-vis des demandes extérieures. « Nous avons été immédiatement pris au sérieux et reçus dans la foulée par le maire et le député, confirme Marie Daâge. Cet accueil et la disponibilité des services, qui sont loin d’être une généralité dans l’Hexagone, a largement contribué à emporter notre décision ». Plus que le montant important des subventions, environ 100 000 euros pour Icare et Marie Daâge, la recette vendômoise mixant géographie, patrimoine et activisme économique, pourrait à nouveau porter ses fruits en 2025. Plusieurs dossiers supplémentaires d’installations de marques de luxe seraient ainsi à l’étude, d’après Laurent Brillard.
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