Luxe : le paquebot LVMH tangue, avec un bénéfice en baisse de 14% au premier semestre

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Champagne sans bulles

Le «climat d’incertitudes économiques et géopolitiques» a pesé sur les résultats du géant français du luxe. Ceux de ses concurrents Hermès, Chanel et Kering seront suivis de près.

Une Chine à la demande ralentie, une Europe à la croissance très molle et des Etats-Unis pas si dynamiques, le tout saupoudré d’incertitudes politiques des deux côtés de l’Atlantique : comme le craignaient les analystes, le numéro un mondial du luxe LVMH (Louis Vuitton, Dior, Céline, Moët Hennessy…) a vu son bénéfice net diminuer de 14 % au premier semestre 2024, à 7,26 milliards d’euros.

Les ventes du groupe de Bernard Arnault, dévoilées mardi, ont reculé de 1 % à 41,7 milliards d’euros – moins que les prévisions du marché – pour cause de «climat d’incertitudes économiques et géopolitiques», a reconnu le groupe français. Et sa marge opérationnelle a reculé à 25,5 % contre 27,4 % au premier semestre 2023.

Baisse de la consommation de champagne et de cognac

La diversité du portefeuille de LVMH n’a cette fois pas suffi à le protéger le fleuron français du luxe : sa division phare, Mode et Maroquinerie, a vu ses ventes baisser de 2 % à 20,8 milliards d’euros, avec un résultat d’exploitation réduit de 6 %. En baisse également, les ventes des montres et joaillerie reculent de 5 % et les vins et spiritueux de 12 %, pour cause de baisse de consommation du champagne dans le monde et de faible demande de cognac en Chine. En revanche, le chiffre d’affaires des parfums et cosmétiques progresse de 3 %, tout comme l’enseigne Sephora, malgré un recul des ventes dans les aéroports.

Ces résultats moroses n’étonnent guère les spécialistes, car plusieurs grandes marques mondiales du luxe ont déjà annoncé avoir accusé le coup depuis janvier. Comme Burberry, qui a lancé un avertissement sur ses résultats et évoque même la possibilité de pertes d’exploitation, Swatch dont la marge a fondu ou encore Hugo Boss. Principale cause, une dégringolade des ventes en Chine. De quoi inquiéter pour ce secteur qui jusqu’ici a bravé les crises. Les analystes craignent un troisième trimestre tout aussi difficile pour la plupart des marques.

«Les analystes s’attendent à des résultats semestriels qui confirment des tendances relativement molles pour le secteur du luxe», souligne JP Morgan. Le contexte n’est guère favorable, rappelle la banque américaine, pour qui «la semaine prochaine, le rapport sur le PIB américain devrait confirmer le ralentissement de la croissance américaine sous la barre des 2 %». En outre, les indicateurs montrent la faiblesse actuelle de la demande intérieure chinoise et la croissance de la zone euro n’est prévue qu’à 1 % pour le second semestre, ajoute JP Morgan.

Risque pour la balance commerciale française

Or le luxe est un pilier des exportations françaises : les produits LVMH ont représenté près de 4 % des exportations françaises en 2023, soit plus de 23 milliards de dollars, davantage que le secteur agricole, qui pesait 3,2 % du total, selon une étude Asterès réalisée pour le groupe et présentée en avril. Un quart de ses produits est acheté aux Etats Unis et 40 % par l’Asie, contre moins de 10 % en France. Globalement, le secteur français du luxe, qui inclut les autres groupes phares que sont Hermès, Chanel et Kering, propriétaire de Gucci, représente près de 12 % des exportations françaises.

Les résultats des autres champions français, dont Hermès et Kering, également attendus cette semaine, seront donc scrutés de près. La maison de courtage Oddo avertit que «l’optimisme de nos prévisions ainsi que celui du consensus pour le second semestre pourrait ne pas être étayé par les commentaires prospectifs de certains groupes, ce qui n’est pas très rassurant». Les grandes valeurs du luxe ont d’ailleurs vu leurs actions baisser de 2,3 % depuis le début de l’année, calcule Oddo, à contre-courant des marchés boursiers mondiaux.

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