Avec l’installation d’une vitrine éclatante et éphémère à Londres il y a quelques jours, Vinted ne cache pas ses ambitions dans le luxe de seconde main avec des produits signés Gucci, Dior, Prada. Paris accueillera-t-il la prochaine opération ?
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Difficile de passer à côté d’un tel coup marketing ! Fin mars, en plein cœur du quartier de South Kensington à Londres (Angleterre), Vinted, le leader de la seconde main, a exposé pendant 24 heures la crème de la crème de son catalogue, avec 200 articles signés Prada, Gucci, ou Jacquemus. Pour cet événement, baptisé «House of Vinted», seuls quelques happy few -une centaine de VIP anglais, aussi bien acheteurs que vendeurs- triés sur le volet ont été conviés. «Une bonne manière de récompenser leur fidélité», explique à Capital Paolo Cassio, directeur et spécialiste du pôle mode et luxe chez Kéa.
Vinted n’a rien vendu sur place, mais a fait saliver ses utilisateurs qui ont ensuite pu se ruer en ligne, quelques jours plus tard, pour faire leurs emplettes. Carton plein pour la plateforme lituanienne, les articles se sont arrachés comme des petits pains. Et il se murmure déjà que Vinted pourrait bien récidiver dans d’autres capitales de la mode, Paris ou Milan en tête de liste. Interrogé par Capital, Vinted France, le premier marché du groupe avec 27 millions de membres, joue la montre : pas de date en vue, mais tout reste possible.
Trench Burberry, ceintures Gucci, sacs Prada…
Cette stratégie londonienne n’est pas un coup d’essai mais un coup de maître. «Cette opération dédiée au luxe à Londres s’inscrit dans une logique de développement sur le long terme», nous assure l’expert. Car depuis quelques mois, Vinted a donné un coup d’accélérateur sur la revente entre particuliers des produits de luxe. Si ces articles d’occasion étaient jusqu’à présent noyés dans la masse, à côté des traditionnels t-shirts H&M, des manteaux Zara ou des sneakers New Balance vendus quelques dizaines d’euros, ils sont désormais rangés dans un onglet «Articles des créateurs». Au menu : des trenchs Burberry à 800 euros, des ceintures Gucci à 380 euros, des chaussures Tod’s à 370 euros…
Objectif pour Vinted ? Venir titiller ses concurrents comme Vestiaire Collective, et devenir le référent du luxe d’occasion, un marché sur lequel tout le monde lorgne mais que personne n’a encore vraiment réussi à dompter. «La seconde main sur le marché du luxe est très complexe, notamment pour sécuriser la livraison et authentifier des pièces afin d’assurer qu’il ne s’agit pas de contrefaçons. Les acteurs traditionnels comme Hermès, Vuitton ou Dior s’interrogent encore sur ce créneau, avec des initiatives, plutôt ponctuelles, à plus ou moins grande échelle», indique Paolo Cassio. Mais impossible n’est pas Vinted ! «Nous avons beaucoup investi ces derniers mois sur ce segment», nous indique Vinted France. Depuis octobre 2023, la plateforme de seconde main propose par exemple à ses acheteurs un service de vérification, facturé 10 euros, pour authentifier les pièces vendues à partir de 100 euros.
Autre motivation ? Se positionner sur le luxe va lui permettre de gonfler ses revenus ! Vinted ne vit que de sa «protection acheteur», des frais incluant une assurance, facturée à 0,70 euro plus 5% du prix de vente de l’article, permettant le remboursement de produits défectueux, non reçus, ou non conformes à l’annonce. Autant dire que l’opération sera bien plus lucrative pour Vinted avec 5% du prix d’un sac Chanel à 3 000 euros, que sur un jean Zara à 8 euros…
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