Cadeaux d’occasion : comment les experts en authentification traquent les articles de luxe contrefaits

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À première vue, le sac en cuir noir déposé sur la table de travail de Fiona Caliandro ne présente aucun défaut. Sa forme arrondie et asymétrique est reconnaissable au premier coup d’œil : il s’agit d’une imitation quasi-parfaite du modèle Saddle de la maison Christian Dior, imaginé par le créateur John Galliano en 1999 et actuellement proposé à 3 800 euros sur le site de la marque. Cette experte en maroquinerie, passée par plusieurs maisons de luxe avant de lancer son propre dépôt-vente d’articles d’occasion, passe longuement ses mains sur le cuir, détaillant scrupuleusement chaque détail. La matière, les coutures extérieures et les parties métalliques de l’objet sont si semblables à l’original que l’authentificatrice admet avoir dû travailler plusieurs heures avant de se prononcer sur sa véritable valeur. D’autant que le sac à main, déposé par une cliente il y a quelques mois pour une expertise après un achat sur une plateforme en ligne de revente entre particuliers, est accompagné d’une facture de la maison Dior, d’une carte d’authentification, d’une boîte similaire à celles vendues en magasin, et d’un dust bag – pochons en tissu permettant de protéger les produits de la poussière – floqué au nom de la marque. « Même la matière de la boîte et la couleur du logo sont parfaitement imitées », explique Fiona Caliandro.

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Mais certains détails ne trompent pas l’œil de cette passionnée. À l’intérieur du produit, la typographie des chiffres qui composent le numéro de série « est un peu trop ronde ». Surtout, ils ne correspondent pas à la date d’achat de la facture : le numéro indique que le sac a été produit en 2018, pour un achat dans une boutique cannoise en 2021. « Au vu de la demande autour de ce sac, il est impossible qu’il soit resté si longtemps dans le circuit de vente. Il aurait dû être acheté en 2019, début 2020 maximum », tranche la jeune femme. La fausse carte d’authenticité pose, elle aussi, question. À son verso, il manque un caractère chinois dans la traduction des certifications. « La maison Dior ne se permettrait jamais une telle faute d’orthographe. C’est un signal déterminant », conclut-elle.

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Depuis l’ouverture de son dépôt-vente, il y a plus d’un an, l’experte a vu l’intérêt autour des articles de seconde main de luxe exploser : de 10 à 15 produits authentifiés puis revendus chaque mois l’année dernière, elle s’occupe désormais d’expertiser une centaine d’articles mensuellement. « La plupart d’entre eux sont revendus au bout d’une semaine, surtout en cette période de fêtes », souligne-t-elle, alors que certains sacs de grande marque sont extrêmement convoités. Les modèles Birkin ou Kelly d’Hermès, pour lesquels les clients doivent être placés sur liste d’attente en boutique, peuvent ainsi atteindre un prix de vente en seconde main plus élevé qu’en magasin. « Acheté 8 000 euros, un sac Kelly peut être revendu à 15 000 sur Internet le lendemain. C’est un véritable investissement », explique l’experte.

« Super-fakes »

Un tel business attire évidemment les faussaires. En plus de son activité en dépôt-vente, Fiona Caliandro accueille ainsi de nombreux clients soucieux de faire authentifier les produits de luxe – sacs, petite maroquinerie ou chaussures – achetés sur des sites de revente en ligne. Pour un tarif allant de 60 à 200 euros, elle leur permet de lever les doutes sur la qualité de leur nouvel accessoire. Résultat ? « Environ 80 % des produits que ces clients me présentent sont des faux, parfois très bien imités et revendus à plusieurs milliers d’euros. C’est ce qu’on appelle des super-fakes », déplore l’authentificatrice. Au détour de leur rencontre avec l’experte, certains clients apprennent ainsi qu’ils ont déboursé plus de 1 000 euros pour un sac Chanel en faux cuir ou 2 000 euros pour le fameux sac Saddle Dior contrefait.

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Pour contrer les faussaires, les grandes plateformes de revente en ligne ont décidé de réagir. Depuis octobre 2023, Vinted a ainsi lancé un nouveau service d’authentification pour ses clients français, basé à Hambourg et composé de 17 experts. Pour s’assurer de l’authenticité des produits convoités, les acheteurs déboursent dix euros. Si l’article est identifié comme contrefait, celui-ci sera retourné au vendeur, qui se retrouvera alors dans l’incapacité de le mettre à nouveau en vente sur la plateforme. « Nous avons d’ailleurs mis en place certaines mesures qui peuvent aboutir au blocage définitif du compte des vendeurs ignorant à plusieurs reprises notre politique en publiant des articles contrefaisants », détaille à L’Express Cécile Wickman, directrice Senior Luxe chez Vinted. Le problème est largement pris au sérieux par ses équipes : avant même la mise en place de ce service de vérification, elle précise que 2,6 millions de contrefaçons ont été supprimées sur Vinted en 2022.

Ces faux articles sont « de plus en plus professionnels, de meilleure qualité et de plus en plus sophistiqués », détaille Björn Holzhauer, expert Vinted basé à Hambourg. « Aujourd’hui, seuls les experts peuvent distinguer un bon plagiat d’un article authentique », assure-t-il. Chez Catawiki, une plateforme d’enchères en ligne spécialisée dans l’achat et la vente d’objets de luxe, Jennifer Lumbroso confirme : experte en maroquinerie, elle indique « recaler deux lots sur dix » proposés par des vendeurs professionnels ou particuliers. La contrefaçon ne se concentre d’ailleurs plus que sur les marques les plus classiques, comme Chanel, Louis Vuitton, Yves Saint Laurent ou Hermès, mais également sur des créateurs plus récents comme Jacquemus, ou des produits « streetwear » comme les sneakers Yeezy – qui peuvent atteindre plusieurs centaines d’euros la paire.

Les différences sont parfois infimes : récemment, Jennifer Lumbroso a refusé un sac Hermès à la vente en analysant la taille des clous situés au fond du sac, qui mesuraient « un à deux millimètres de plus que sur le sac original ». Mais la spécialiste tient à rassurer les clients : le plus souvent, l’authentification est réalisée au premier coup d’œil : « Les faussaires ne réussissent jamais à réunir tous les codes ou les critères de qualité des grandes maisons. Il y a tellement de points à vérifier qu’il y aura toujours quelque chose qui cloche. »

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