Sacs, chaussures, vêtements : comment s’offrir des pièces de luxe sans (trop) se ruiner

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Publié le 24 nov. 2023 à 14:00

Un sac de voyage Louis Vuitton, dont le cuir s’est patiné avec le temps, acheté à 300 euros à Drouot, un pull en cachemire d’exception (du baby cashmere) Loro Piana neuf à moins de 1.000 euros lors d’une vente privée, une veste Prada obtenue à 180 euros dans un dépôt-vente de luxe à Biarritz au lieu de 800 euros en boutique, un pendentif Van Cleef & Arpels en or jaune et nacre négocié à moins de 1.600 euros sur un site de seconde main… « Je veux bien faire des folies, mais des folies raisonnables, à bon prix. »

Ainsi parle Valérie, avocate parisienne de 53 ans, qui collectionne pour son plaisir des vêtements et accessoires de luxe, la plupart du temps iconiques et intemporels, qu’elle se refuse d’acheter au prix fort. Des pièces qu’elle considère parfois comme des investissements. « Il y a quelques années à Drouot, j’ai déjà fait l’acquisition d’un sac Birkin d’Hermès pour 800 euros, tous frais inclus. C’est une pièce mythique qui a déjà pris de la valeur et peut en prendre encore dans les années à venir. »

La traque à la bonne affaire

Quand elle ne court pas les salles de ventes, Valérie jette son dévolu sur les ventes privées. « Il y a quelques jours, j’ai acheté deux paires de bottes neuves du chausseur italien René Caovilla pour 1.000 euros chez Arlettie, un showroom parisien à côté du Trocadéro qui propose des ventes prestigieuses à ses membres. Il m’en aurait coûté le double, voire le triple en boutique. »

Habituée du même showroom parisien, Anne-Sophie, entrepreneuse de 57 ans, y a fait récemment une razzia. « Avant l’été, je suis allée à la vente Miu Miu chez Arlettie. Pour 800 euros, j’ai réussi à acheter deux tee-shirts, un gilet, un legging pour le yoga, une robe de plage et une robe noire sublime plus habillée, qui me vaut de nombreux compliments. Je ne sais même pas combien cela m’aurait coûté en vrai. Sur Facebook, via un groupe de bons plans et d’entraide qui s’appelle ‘Les Mums in the 16’, j’ai acheté un sac à main Chloé à une autre membre du groupe. J’ai sauté le pas car cela restait dans mon cercle de confiance. »

La génération Z semble être la plus impliquée dans le marché du luxe de seconde main : 31% ont acheté des produits de luxe d’occasion en 2022.

Boston Consulting Group

Selon le BCG (Boston Consulting Group), les mamans du XVIe ne sont pas les seules à chercher à s’offrir des pièces de luxe à prix plus souriants. Pour ce cabinet de conseil, les consommateurs issus de la Génération Z semblent être les plus impliqués dans le marché du luxe d’occasion. Une étude datée de 2022 révèle que 31 % d’entre eux ont acheté des produits de luxe d’occasion ces douze derniers mois-là ou que 44 % en ont revendu. Un marché porteur quand on sait que celui-ci a augmenté de 112 % entre 2017 et 2022, contre 39 % pour le luxe de première main sur la même période – selon le cabinet Bain & Company cette fois. Voilà qui explique probablement la multiplication et l’essor des plateformes de luxe de seconde main ces dernières années.

Vestiaire Collective fait la course en tête

Véritable leader de la vente en ligne sur ce créneau, l’application française Vestiaire Collective, fondée en 2009 par six associés, réunit aujourd’hui une communauté de plusieurs millions de membres dans 80 pays, plus de 5 millions d’articles et 10.000 marques. Ici, le mode de fonctionnement est simple : les vendeurs photographient et renseignent les pièces qu’ils souhaitent vendre en ligne. Et les acheteurs n’ont plus qu’à faire une offre ou à ajouter le produit directement dans leur panier. Enfin, la plateforme authentifie et valide la conformité de l’article avant la livraison.

Parmi les marques les plus recherchées en 2023 sur le site ? Dans l’ordre Louis Vuitton, Gucci, Dior, Prada et Hermès. Toujours selon Vestiaire Collective, le sac Speedy de Louis Vuitton demeure le sac le plus vendu sur la plateforme. De son côté, Anne-Sophie n’ouvre son application Vestiaire Collective que pour des achats luxe très ciblés. « Dans ces cas-là, je crée une alerte et je suis prévenue dès qu’un membre dépose un article qui correspond à ma recherche. C’est de cette façon qu’au mois de février dernier, j’ai acheté une veste de ski Fusalp. Ce n’est pas un achat dont j’aurai l’utilité toute l’année, donc je n’avais pas envie de payer le prix fort, mais je souhaitais tout de même faire l’acquisition d’une pièce de qualité pour affronter le froid. Je l’ai payée 70 euros en seconde main, contre 1.000 euros si elle avait été neuve. »

Au-delà du prix doux, on vient parfois chercher sur ces sites de seconde main une pièce qui a un peu vieilli et offre un aspect qui s’est patiné, pour ne pas dire bonifié avec le temps.

A plus petite échelle, le site français Monogram créé en 2015 utilise globalement les mêmes ressorts que Vestiaire Collective, à ceci près que les articles sont photographiés par les équipes de la plateforme. Ici, les pièces de maisons patrimoniales côtoient celles de labels plus pointus (Jacquemus, Off-White…). Au final, ce sont plus de 800 nouveaux articles qui arrivent dans la sélection chaque mois et 60 % des pièces qui sont vendues dans la semaine.

D’autres sites comme Collector Square ou Therealreal font autorité en la matière et séduisent les aficionados ces dernières années. « Au-delà du prix doux, on vient parfois chercher sur ces sites de seconde main une pièce qui a un peu vieilli et offre un aspect qui s’est patiné, pour ne pas dire bonifié avec le temps. C’est souvent le cas des sacs en cuir. Je préfère les acheter d’occasion que flambant neufs », explique Valérie.

Un public de connaisseurs

Dans le marché du luxe de seconde main entre particuliers, les plateformes comme Ebay ou Le Bon Coin ont aussi leur place. Au milieu des appartements à vendre ou à louer et des appareils électroménagers, il arrive de plus en plus de dénicher sur ces sites un sac à main ou un foulard en soie d’une grande marque.

« Cela nécessite toutefois d’avoir un oeil d’expert et de bien connaître les produits. Pour les achats très luxe, les consommateurs ont plus de réticence à aller sur un site comme Ebay ou Le Bon Coin », précise Victorien De Doncker, président de Tripartie, entreprise qui offre aux plateformes seconde main et à leurs utilisateurs un cadre sécurisé pour effectuer des transactions sans risque et autant que possible sans litiges.

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©Illustration Debora Szpilman pour les Echos Week-End

L’ancien avocat devenu entrepreneur classe les plateformes en deux catégories. « Celles où les particuliers s’échangent directement leurs biens comme Le Bon Coin, EBay ou Vinted. A distinguer des plateformes entre particuliers où intervient toujours un professionnel dans la chaîne, qui vérifie le bien et réduit drastiquement le risque de fraude et de contrefaçon, type Vestiaire Collective. A noter toutefois, que depuis peu, Vinted a introduit une option de vérification passant par la plateforme et que de son côté Vestiaire Collective a ouvert une fonctionnalité envoi direct. »

Le bouche à oreille et les réseaux sociaux

Des pépites. C’est ce que viennent chercher sur les sites de seconde main les plus connaisseurs. Comme Pablo, cet étudiant parisien de 20 ans qui s’est offert une veste de sport Dior pour 95 pounds (109 euros) sur le site Depop. « Depop, c’est le Vinted anglais. Sur cette plateforme, en y passant du temps et en fouinant suffisamment, j’arrive à trouver des pièces très pointues. En ce moment par exemple, je recherche très précisément une paire de baskets Prada, les modèles de l’America’s Cup. J’ai repéré quelques paires dans différentes matières et coloris entre 100 et 400 euros. Maintenant il faut que j’étudie le sujet et que je fasse mon choix. »

S’il sait ce qu’il veut, le jeune homme fonctionne aussi au coup de coeur. Comme ce jour où il s’est offert dans une boutique vintage parisienne un jean du créateur belge Dries Van Noten pour 130 euros. « C’était un achat impulsif pour une pièce particulière, que j’estimais rare. » Chez les jeunes générations, d’autres circuits et canaux moins formels se mettent parfois en place dans cette course à l’achat de luxe. Une forme de bouche à oreille qui voit notamment le jour sur TikTok.

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©Illustration Debora Szpilman pour les Echos Week-End

Récemment, Hanna, étudiante de 19 ans en Fashion marketing, qui repère parfois ses futurs achats en visionnant les défilés de mode, s’est rendue à une vente éphémère chez une particulière grâce à une influenceuse qu’elle suit sur le réseau social favori de la génération Z. « Il y avait des vestes de couturier à 60 ou 70 euros et des souliers de créateur. Une autre fois, toujours via TikTok, j’ai eu vent de l’ouverture d’une nouvelle boutique vintage aux Batignolles. J’y ai trouvé une veste Ralph Lauren à 70 euros. »

Le bouche à oreille nouvelle génération ? Ce n’est pas là l’unique rôle des réseaux sociaux. Ces derniers servent aussi de vitrines – modernes, léchées et éditorialisées – aux sites de reventes de produits de seconde main. Comme le compte Instagram de Vestiaire Collective (1,4 million d’abonnés) qui propose interviews, images d’inspiration ou de défilés, ou celui plus confidentiel de Break Archive (59.000 abonnés) qui met en scène, via des vidéos, les derniers sacs disponibles à la vente. D’ailleurs, quand il s’agit de dégoter un sac à main, Hanna se rend sur ce site, bien connu des initiés, qui propose essentiellement cette typologie de produits en version occasion, avec une période de prédilection : les années 2000. À noter que l’entreprise dispose d’un showroom et d’une équipe « à votre disposition pour vous aider à trouver le sac de vos rêves », précise le site Internet.

La location moins sollicitée

Revendre à leur tour leurs trésors ? Ces nouveaux acquéreurs n’y songent pas. Ou presque pas. « Ce sont vraiment des pièces que j’achète pour les porter, pas pour les vendre à nouveau et gagner éventuellement de l’argent. Après, si vraiment je suis à sec et que j’ai besoin d’argent pour un achat coup de coeur, je peux être amené à revendre en ligne une pièce, mais en dernier recours », témoigne Pablo.

La location de vêtements ou d’accessoires de luxe n’a pas non plus leurs faveurs. « Je préfère posséder une pièce que j’aime, la voir tous les jours dans ma garde-robe, pouvoir la porter quotidiennement, plutôt que de ne la porter qu’une soirée. »

Pourtant, là aussi des sites – aux noms souvent évocateurs – ont fleuri ces dernières années. De l’américain Rent The Runway à ses versions françaises comme Une robe Un Soir ou Get prête. Toutefois, le marché de la location de pièces de luxe n’a jamais vraiment décollé. « C’est un marché mal connu des consommateurs et moins sollicité parce que surtout lié à de grandes occasions, plus rares donc, comme une soirée ou un mariage », note Clara de Pirey, directrice du pôle luxe chez Nelly Rodi.

Les pièces des saisons passées sont aussi une alternative pour demeurer à la mode sans payer le prix fort.

C’est bien connu, les grandes maisons de luxe ne pratiquent pas de soldes. « Vuitton ne fait jamais de soldes », avait d’ailleurs pour habitude de répéter Yves Carcelle, ancien PDG de Louis Vuitton. Alors si l’on tient vraiment à s’offrir une pièce de luxe – signée d’une grande maison ou d’un designer de renom – dans sa version neuve, sans pour autant dépenser des montants astronomiques, il existe une autre possibilité.

Ni vintage, ni tout à fait hors de prix, les pièces des saisons passées se présentent comme une alternative pour demeurer à la mode sans en payer le prix fort. C’est le pari pris en 2009 par The Outnet, petite soeur du géant de la vente de luxe en ligne Net-a-Porter , qui commercialise les collections précédentes des quelque 200 marques référencées par Net-a-porter et d’autres.

C’est ainsi que des escarpins parcourus de strass Giuseppe Zanotti s’affichent sur le site à 597 euros au lieu de 1.325 euros, qu’un manteau en laine et cachemire Valentino apparaît à 1.542 euros au lieu de 5.140 euros, ou qu’un sac à main Balmain en cuir et jacquard coûte 985 euros au lieu de 1.515 euros.

Une véritable fascination pour le luxe

Au-delà de la possible bonne affaire, de The Outnet aux salles de ventes en passant par les plateformes de seconde main, ce qui réunit ces consommateurs c’est leur fascination pour le luxe. « Trois raisons principales peuvent expliquer cette fascination », analyse Frédéric Godart, professeur à l’Insead et sociologue de mode.

« Ce peut-être un achat statutaire, une façon d’exprimer son statut social, réel ou désiré avec une pièce de luxe. Il peut s’agir aussi d’un investissement, un achat à mi-chemin entre le bien de consommation et l’oeuvre d’art. Ainsi acheter une Rolex en l’an 2000 ou 2009 a pu parfois s’avérer plus intéressant financièrement que certaines actions en Bourse. »

Enfin, cela peut relever d’un acte expérientiel et hédonique. « Dans ce processus, l’acte d’achat en lui-même, qu’il soit en salle de vente, derrière son écran sur un site de seconde main, ou dans un dépôt-vente, constitue un plaisir en soi », précise le sociologue. Chacun reconnaîtra ici ses motivations.

Comment s’assurer de l’authenticité des pièces

Veiller à privilégier les plateformes qui proposent une authentification des pièces par des professionnels, comme Vestiaire Collective ou Monogram, qui délivre un certificat d’expertise à chaque achat. A noter que Vinted propose désormais un service optionnel payant permettant de vérifier l’authenticité d’une sélection d’articles de créateurs pour 10 euros. Enfin, en cas de doute après achat, il est toujours possible de présenter son article en magasin.

Les sites pour acheter une montre de luxe de seconde main

Rolex, Breitling, Audemars Piguet, Patek Philippe… Les modèles des marques de montres les plus luxueuses du marché sont également en vente sur des sites d’occasion spécialisés, qui les sélectionnent et les authentifient. Les référents en la matière s’appellent Chrono 24, Watchbox ou Watchfinder.

Cette chronique se veut produite de la façon la plus authentique que possible. Dans la mesure où vous décidez d’apporter des précisions concernant le sujet « Luxe » il est possible de d’échanger avec notre équipe. Le site plaisir-secret.fr a pour finalité de publier diverses publications autour du sujet Luxe communiquées sur la toile. Pour vous faciliter la tâche, plaisir-secret.fr vous produit cet article qui aborde le thème « Luxe ». Consultez notre site plaisir-secret.fr et nos réseaux sociaux dans l’optique d’être informé des prochaines parutions.