Jusqu’au 21 avril, Milan a accueilli le Salone del Mobile, la grand-messe du design. Ce fut l’occasion pour les marques de luxe d’étendre toujours plus leur territoire créatif, en jouant de leur patrimoine et de leur imaginaire, entre manifeste d’identité et produits. Voici les nouveautés présentées lors de cette édition…
Un tabouret chez Bottega Veneta
Sous la houlette du directeur artistique Matthieu Blazy, la maison italienne poursuit ses liens avec le monde du design, créant des ponts entre le décor des défilés et les pièces lancées pendant le Salone del Mobile. Après la fructueuse collaboration avec le designer italien Gaetano Pesce, qui vient de décéder, Bottega Veneta avait choisi, en février, d’intégrer dans le décor de son défilé automne/hiver 2024-2025 une édition spéciale des tabourets LC14 du Cabanon de Le Corbusier, à Roquebrune-Cap-Martin. Ces assises en bois brûlé ont été présentées à Milan ainsi qu’un modèle exclusif en intrecciato, ce tissage du cuir emblématique de la marque.
Saint Laurent joue avec Gio Ponti
Pour sa première participation au Salone del Mobile, Anthony Vaccarello, le directeur artistique de Saint Laurent, s’était penché sur les archives de Gio Ponti. En 1953, Anala et Armando Planchart avaient demandé à l’architecte d’imaginer une villa moderne sur les hauteurs de Caracas, au Venezuela. Gio Ponti avait même dessiné la vaisselle, dont les motifs faisaient écho à cette maison « légère et gracieuse comme un papillon posé sur une colline ».
Pour la réalisation, il s’était adressé tout naturellement à la manufacture florentine de porcelaine Ginori 1735, dont il avait assuré la direction artistique de 1923 à 1933. À l’occasion du Salone, Saint Laurent Rive droite a réédité 12 modèles d’assiettes de cette collection, toujours peinte à la main par la manufacture. Après le cinéma, les livres et la musique, Anthony Vaccarello continue ainsi à alimenter son goût certain pour la curation culturelle.
S’asseoir avec Hermès
Traditionnellement tenue dans les grands volumes de la Pelota, à Milan, la présentation de la maison du Faubourg-Saint-Honoré faisait partie des rendez-vous très attendus du Salone del Mobile. Un pied dans le meuble depuis les années 1920, Hermès présentait cette année le fauteuil Diapason, dont la structure en aluminium martelé accueille une assise et un dossier taillés dans l’un de ces cuirs fabuleux dont le sellier a le secret. Ce siège et beaucoup d’autres objets étaient présentés dans une scénographie évoquant l’univers équestre, nourrie par l’idée de l’ancrage au sol et signée par Charlotte Macaux Perelman, directrice artistique de Hermès Maison, avec le commissaire Alexis Fabry.
Manger avec Dolce & Gabbana
Lancé l’année dernière au Salone del Mobile, le programme GenD (Generation Designers), sous la houlette de la curatrice Federica Sala, s’attelle à soutenir les jeunes talents créatifs du monde du design. Du Coréen Byungsub Kim à la Sud-Africaine Thabisa Mjo, onze designers (dont un duo) avaient, cette année encore, été invités à imaginer des pièces en partenariat avec différents savoir-faire italiens comme la fonderie Artistica Battaglia et la verrerie vénitienne Fornace Mian. Domenico Dolce et Stefano Gabbana ont également profité du Salon du meuble de Milan pour lancer une ligne d’arts de la table baptisée Verde Maiolica.
Dormir avec Louis Vuitton
Si le maroquinier développe depuis 2012 une collection Objets nomades signés par des designers comme Marcel Wanders et Atelier Oï, il avait choisi de mettre à l’honneur cette année une nouveauté de sa ligne Rigides. Un modèle qui réinterprète une icône de l’histoire de la maison française, puisqu’il s’agit d’une malle-lit. La première a été créée par Louis Vuitton lui-même en 1868. Si la version 2024 reprend la toile Monogram, le confort est tout à fait moderne avec une structure en aluminium et bois de hêtre, un matelas et un surmatelas en mousse à mémoire de forme, une tête de lit qui s’incline et même une petite table de chevet. La promesse d’un nomadisme aux belles nuits.
Avoir du style avec Armani Casa
Cette identité très forte qu’il a su dessiner et faire traverser les décennies, Giorgio Armani l’a également imprimée dans le monde de la décoration avec une première lampe imaginée dès 1982. Incontournable au Salone del Mobile, le créateur italien présentait cette année Vénus, une console avec un plateau en laque et feuilles d’or. Une pièce dont la précision artisanale fait écho à celle de la haute joaillerie.
Se lover avec Fendi Casa
La maison italienne, fondée en 1925 par Adele et Edoardo Fendi, a très tôt décliné sa signature sur des pièces destinées à la décoration. Elle a d’ailleurs récemment collaboré avec la Villa Médicis, à Rome, qui a accueilli plusieurs meubles Fendi Casa. Au Salon du meuble de Milan, elle a étoffé sa collection en lançant notamment le sofa Soho, du designer français Toan Nguyen, avec qui elle collabore régulièrement, ainsi que le lit Landscape Pequin du studio Marcel Wanders.
Moncler à la gare
Si la maison italienne n’a pas encore décliné son emblématique duvet sur une collection maison, elle a profité du Salone del Mobile pour organiser une exposition au cœur de la Stazione di Milano Centrale. Baptisée « An Invitation to Dream » et imaginée par le journaliste anglais Jefferson Hack, celle-ci proposait une galerie de portraits de talents créatifs capturés par le photographe Jack Davison. Les clichés de l’artiste Daniel Arsham, du médecin et adepte de la méditation Deepak Chopra ou encore de la maquilleuse Isamaya Ffrench côtoyaient leurs citations sur des écrans qui invitaient à la réflexion dans ce lieu vibrant de la capitale lombarde.
Recyclage chic chez Yves Salomon
Amateur et collectionneur de pièces design, le fourreur français est notamment féru de l’œuvre du Français Pierre Chapo, qui a marqué le XXe siècle avec ses pièces épurées dans la veine de Mies Van der Rohe et Frank Lloyd Wright. En collaboration avec Chapo Création, qui gère le patrimoine de ce dernier, Yves Salomon a recouvert de ses chutes de peaux lainées colorées cinq meubles emblématiques de Chapo, dont le fauteuil Sahara (S10) et le lit Godot (L01) commandé à l’époque par Samuel Beckett. À l’occasion du Salone del Mobile, ils ont été présentés pendant l’exposition « Occupazione » à Dimorecentrale. Une bonne raison de (re)découvrir ce lieu hybride imaginé par l’incontournable studio milanais Dimore.
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