Lorsqu’on lui a proposé cette rencontre, Jordan De Luxe a d’abord cru qu’on s’était trompé. Le jour de l’entretien, il s’est confondu en remerciements, « super honoré » d’être invité dans nos colonnes. Depuis deux ans, le jeune homme de 34 ans s’est fait une petite place dans le paysage audiovisuel avec son émission quotidienne sur C8 dans laquelle il reçoit des personnalités pour un entretien promis « sans détour » et « sans tabou ». Avec son jingle un peu daté, ses invités qui se lâchent (au hasard, Zabou Breitman qui avoue une possible complicité de trafic de faux billets) et son hôte toujours ravi, « Chez Jordan » détonne et attire la curiosité de près de 200 000 téléspectateurs les bons jours.
« Je n’arrive toujours pas à comprendre qu’un invité puisse prendre de son temps pour venir sur mon plateau », confesse l’animateur avec l’air bienheureux de celui qui a « encore du mal à croire à tout cela ». Il y a assurément quelque chose de Rastignac chez ce « mec de la campagne », fils de petits fonctionnaires né dans une commune bretonne d’à peine 4 000 habitants, voulant « monter à la capitale » pour réaliser son « rêve ». Débarqué à Paris à 18 ans dans « une explosion de bonheur », c’est comme s’il continuait de vivre dans le cliché à paillettes de ses ambitions : il a d’abord proposé qu’on se retrouve dans « un restaurant de Tony Gomez », figure de la jet-set, puis se rabattra finalement sur Flottes, une brasserie chic à côté du jardin des Tuileries. Il porte au poignet un bracelet Cartier qui vaut au moins 3 900 euros, et que boit-il pour l’apéro ? Du champagne, évidemment.
Qu’on ne s’y trompe pas, il a encore la candeur touchante d’un enfant émerveillé qui, la veille, a fait visiter les studios d’enregistrement à sa mère. Celle d’un adolescent pas complètement remis de ses années tourmentées au lycée, qui cache des « angoisses de mort » derrière son attitude folâtre et dont le sang « se glace » en voyant le nom d’un de ses anciens harceleurs signer un message, pourtant gentil, sur Internet.
« Réduit à néant à l’école »
Il a pensé à en finir, à cette époque où on l’a « bousillé ». Des coups et des moqueries qui le poursuivent mais qui ont aussi été son moteur : « J’ai tellement été réduit à néant à l’école que j’ai une revanche à prendre, je veux prouver que je suis capable de faire des choses. » C’est au culot qu’il s’est immiscé dans le métier, en s’incrustant dans une émission de Laurent Baffie sur Europe 1 où il tape dans l’œil de Geneviève de Fontenay, « Mme Miss France ». S’ensuivront un stage à NRJ 12, un autre dans la maison de productions d’Intervilles (où il récupère une liste de 500 numéros de portables de personnalités dont il se sert encore), avant de se voir proposer une première émission sur Voltage FM. Il installe peu à peu son style, son nœud papillon et ses questions qui frisent l’insolence, ce qui suscite l’intérêt de deux hommes qui lui mettront le pied à l’étrier : Jean-Marc Morandini – condamné en décembre 2022 pour « corruption de mineur » puis en août 2023 pour « harcèlement sexuel », et avec qui il assure avoir toujours eu de bonnes relations –, puis Cyril Hanouna, qui lui propose de rejoindre C8 et d’avoir son émission quotidienne.
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