La Bourse de Paris rebondit grâce au géant du luxe LVMH

Après sa forte baisse de 1,4% mardi, la Bourse de Paris a pansé ses plaies, regagnant une partie du terrain cédé la veille. En hausse modérée de 0,30% à l’ouverture, l’indice vedette Cac 40 a accéléré tout au long de la séance, terminant sur un gain de 0,62%, à 7.981,51 points, dans un volume d’échanges de 3,3 milliards d’euros. Au plus fort de la séance, le baromètre s’est même hissé jusqu’à 8.060,99 points, en progression de 1,62%. Ce rebond, le marché parisien le doit au poids lourd et géant du luxe LVMH (propriétaire d’Investir).

Premier des groupes des industriels du luxe à annoncer son chiffre d’affaires au 31 mars, le numéro un mondial du secteur a dévoilé, mardi soir, un chiffre d’affaires pour le premier trimestre 2024 jugé rassurant, à 20,7 milliards d’euros, bien qu’en repli de 2% sur un an. Hors effets devises et périmètre, ses ventes ont augmenté de 3%. « Le trimestre [écoulé] pourrait être le point bas de la croissance de la division mode et maroquinerie de LVMH », estime le cabinet d’analyse Bryan, Garnier & Co. De leur côté, les experts de Stifel se disent rassurés par la hausse de 10% des achats par la clientèle chinoise à l’étranger, en particulier au Japon. A la clôture, LVMH s’est adjugé 2,84% et entraîné Hermès dans son sillage. Le sellier, qui publiera ses facturations le 25 avril, a gagné 2,32%.

Laisser plus de temps aux politiques restrictives pour agir

La surperformance du luxe a relégué au second plan les chiffres de l’inflation britannique en mars. De l’autre côté de la Manche, l’indice des prix à la consommation est ressorti en hausse de 3,2% sur un an. Ce niveau est, certes, inférieur à celui de février (3,4%) mais il reste encore bien au-delà de la cible de 2% des autorités monétaires. De quoi pousser certains à estimer que la Banque d’Angleterre a besoin de plus de temps pour se « sentir à l’aise » à l’idée de réduire ses taux d’intérêt. Un scénario identique se profile aux Etats-Unis. « Compte tenu de la vigueur du marché du travail et des progrès réalisés jusqu’à présent en matière d’inflation, il convient de laisser plus de temps aux politiques restrictives pour agir et de laisser les données et l’évolution des perspectives nous guider », a déclaré le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, à l’occasion d’un forum consacré aux relations économiques entre les Etats-Unis et le Canada. Ce sont ces mêmes arguments que le gouverneur Philip Jefferson à avancer pour justifier de laisser les taux directeurs inchangés, dans leur fourchette actuelle de 5,25%-5,5%, pendant une période prolongée. Prenant acte de ces déclarations, le marché parie désormais sur une première détente du loyer de l’argent en septembre, et non plus en juin. Le Livre beige de la Fed sur l’état de la conjoncture aux Etats-Unis qui doit être publié à 20 heures sera l’objet d’une lecture rigoureuse par les investisseurs.

Sur le plan géopolitique, la situation au Moyen-Orient est pour le moment suspendue à une possible réponse d’Israël à l’attaque iranienne survenue ce week-end. L’Etat hébreu s’est engagé à faire payer Téhéran son offensive, même si l’on ignore quelle forme pourrait prendre sa riposte. Les cours du pétrole, en l’absence d’escalade militaire, sont en baisse, à 89 dollars le baril de Brent.

Parmi les autres valeurs, Derichebourg a flanché de 5,21%. Le groupe de services à l’environnement juge « peu probable » l’atteinte de son objectif annuel de rentabilité en raison de la cyberattaque dont il a été victime en novembre et d’une « conjoncture économique dégradée. » De son côté, le néerlandais ASML, qui compte parmi les principaux fournisseurs des fabricants de semi-conducteurs, a cédé 6,68%. Souffrant d’une baisse de la demande pour ses machines les plus avancées, le groupe a vu ses nouvelles commandes reculer à 3,6 milliards d’euros, soit quasiment un milliard de moins que prévu par le marché.