Les pays du Golfe achètent de plus en plus d’hôtels de luxe suisses

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L’hôtel de luxe Richemond à Genève a été racheté, comme d’autres adresses suisses de premier plan, par des groupes du Moyen-Orient.

Laurie Chappatte

L’hôtel de luxe Richemond à Genève a été une victime importante de la pandémie de Covid-19. Après 140 ans, l’établissement a cessé de fonctionner fin août 2020. Mais en février 2023, c’est l’heure du retour. Le groupe hôtelier Jumeirah de Dubaï rachète l’hôtel pour 114 millions de francs. Après d’importants travaux de rénovation, celui-ci devrait à nouveau accueillir des clients à partir de 2025.

Hasni Abidi, chargé de cours au Global Studies Institute de l’Université de Genève, interprète cet achat de la manière suivante : «Les Emirats arabes unis testent si de tels investissements sont rentables en Suisse. Si c’est le cas, ils ont les moyens et la volonté d’investir davantage». Les Émirats arabes unis ont déjà racheté plusieurs palaces en Europe par le biais de la Dubai Holding – leur fonds souverain dont la valeur est estimée à plus de 35 milliards et auquel appartient le groupe Jumeirah –, notamment le Carlton Tower Jumeirah à Londres ou le Jumeirah Port Soller Hotel & Spa à Majorque.

L’achat du Richemond n’est toutefois pas le premier investissement hôtelier d’un pays du Golfe en Suisse. Chez nous, Katara Hospitality – une filiale du fonds souverain du Qatar – a déjà acquis le Bürgenstock au bord du lac des Quatre-Cantons en 2007, le Royal Savoy à Lausanne en 2009 et le Schweizerhof à Berne en 2013.

Une stratégie économique et politique

Les achats suivent toujours une même stratégie des Etats du Golfe: diversifier leurs investissements pour préparer l’après-pétrole. Hasni Abidi explique à ce propos: «Ils anticipent les pertes financières causées par le recul de l’utilisation des énergies fossiles.»

Dans le cadre de cette diversification, les pays du Golfe aiment particulièrement miser sur des bâtiments de luxe bénéficiant d’une situation géographique intéressante et d’une valeur historique, économique et financière. Yvan Schmidt, économiste immobilier et directeur de la société YS Advisory, s’exprime en ces termes: «Les palais hôteliers suisses sont intéressants parce qu’il s’agit d’objets de prestige». Le marché helvétique est en outre intéressant en raison de sa stabilité économique et politique, ce qui rend ces placements sûrs, ajoute-t-il.

Mais à cela s’ajoute un calcul politique, comme l’assure Hasni Abidi: «Acheter des hôtels haut de gamme en Suisse, c’est s’offrir une visibilité à l’étranger, se positionner comme interlocuteur privilégié vis-à-vis des autorités politiques et économiques occidentales et améliorer son image d’investisseur solide et fiable.»

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Départ des investisseurs suisses

«Les étrangers sont prêts à payer très cher et ils ont des objectifs de rendement moins élevés que les investisseurs suisses», poursuit Yvan Schmidt.

Selon Vinzenz van der Berg, responsable de la communication d’entreprise chez HotellerieSuisse, qu’il s’agisse d’investisseurs suisses ou étrangers est finalement secondaire: «L’important pour le paysage touristique suisse est que des investissements continuent à être réalisés.»

Des achats à court terme ?

En avril 2023, le portail Inside Paradeplatz a lancé la rumeur selon laquelle les trois hôtels suisses de Katara Hospitality seraient à vendre. Le groupe hôtelier qatari a démenti cette information à Blick. La question reste toutefois posée: les palaces suisses acquis par les pays du Golfe sont-ils destinés à rester en leur possession?

Hasni Abidi souligne: «Les Etats du Golfe ne sont pas des entreprises caritatives qui veulent protéger la culture ou l’histoire, mais ils sont mus par une logique de marché». En attendant, les coûts de conservation des palais suisses sont très élevés. Les investissements consentis lors de la rénovation seront-ils un jour rentabilisés? Yvan Schmidt ajoute que les derniers mois ont apporté de l’incertitude pour les investissements étrangers: «La décision du Conseil fédéral d’approuver le rachat de Credit Suisse par l’UBS a été en partie interprétée comme une instabilité juridique – beaucoup craignent que les investisseurs étrangers fassent désormais moins confiance à la Suisse».

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Mais ce n’est pas forcément une réalité absolue. Les pays du Golfe font partie de ceux qui profitent de l’inflation dans les pays occidentaux. Depuis le début de la guerre en Ukraine, ils ont réalisé des bénéfices très élevés grâce à la hausse des prix du pétrole et du gaz.

Article traduit de Blick Romandie en collaboration avec Large Network

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