Il faut laisser le temps à la ville de se faire », explique en préambule Jean-Baptiste Pietri. H99, imaginé en 2008 par son père Marc, est devenu M99 en 2021. Changement de politique, changement de vision d’avenir, changement climatique…le projet a été repris et révisé. Du H pour hauteur, on est passé au M, « comme Marseille, Méditerranée, mutation, mixité, mobilités douces… », égrène l’architecte dans sa présentation de la dernière tour qui doit s’élever en surplomb du quai d’Arenc, dans le cadre du programme Euromed 1.
Culminant à 99 m, avec ses trois modules de béton blanc décalés dans un style paquebot, raccordé à la boucle d’eau de mer et ses balcons orientés « Ville-mer » : c’est l’écrin imaginé par Pietri Architectes pour accueillir une résidence étudiante de 95 studios sur 6 étages, un hôtel 4 étoiles de 130 chambres sur 8 niveaux et un restaurant panoramique avec terrasse. 17 étages seront dédiés aux logements d’exception. La plateforme Constructa/Les éditeurs urbains démarre la commercialisation de 57 d’entre eux le 29 juin prochain pour une livraison fin 2027, avec la possibilité d’acheter par plateau, car les cloisons sont réversibles.
Pour passer de H99 à M99, un modificatif de permis a suffi. Il s’agissait de « l’adapter au nouveau monde », explique Jean-Baptiste Pietri. Dans le rapport au sol de la tour, « on a abandonné le tout minéral, éliminé l’îlot de chaleur pour un jardin de circulation ». Avec en rez-de-chaussée, des commerces, un restaurant, un café. Les trois modules correspondent ainsi à trois propositions distinctes : « Un volet social a été intégré. »
Mais vendre l’exception reste l’idée maîtresse, avec des biens très au-delà du prix maîtrisé, variant de 8 500 à 13 500 euros le m2. Pour indication, il faut compter entre 280 000 euros le T2 et 2,8 millions d’euros le duplex de 200 m2 avec terrasse de 120 m2. « Des pièces aux volumes généreux, avec 50% de vitrage en façade, où toutes les pièces s’ouvrent » sur une vue imprenable de la rade marseillaise. La toiture, roof top végétalisé, fera office d’espace commun, « de rencontres, d’échanges » entre les résidents. Argument idéal pour un investisseur proposant de la location AirBnB raffinée. L’hôtel 4 étoiles, dont la vente se finalise actuellement, se situe dans le bloc central.
De la mixité mais pas trop
Le luxe pour regarder la ville et son port de haut. Les premiers étages, plus difficilement commercialisables, pour jouer la mixité sociale avec des étudiants, pas des T5. Le choix est à la superposition des statuts, mais chacun reste chez soi. Les trois modules disposent de trois entrées distinctes et les étudiants n’ont pas accès au roof top. Le bailleur social Erilia s’est porté candidat pour cette part sociale, en PLAI, exploitée par Fac Habitat sur une durée de 15 ans. Après cela, « il sera possible de repasser en loyer libre », précise le promoteur. Pas de parking non plus, celui d’Arenc, de 250 places, est à quelques mètres.
« Pour vendre cher, il fallait un projet qui donne envie de Marseille. Avec M99, c’est difficile de mieux faire : le neuf, la vue. Le site avec trois musées, deux centres commerciaux, un complexe cinéma, un grand hôpital privé et bientôt la cité scolaire internationale Jacques Chirac », argumente l’architecte, optimiste pour la vente qui s’ouvre. Une vision « table rase du passé populaire de la cité » ? « L’hydrocarbure, c’est fini. » À Marseille, l’avenir se construit vers le nord avec Euromed II sur les friches industrielles et en grignotant le terrain des dockers, des portuaires et des marins, pour l’heure guère ménagés dans la charte Ville-Port.
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