Pont-Audemer. Le fondateur du groupe de luxe Hermès s’est formé dans la commune

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« Ce sont souvent de petites gens, des artisans d’origine modeste, qui fondent les grandes dynasties avant de tomber dans les oubliettes de l’histoire. » L’auteur franco-allemand Pierre Sommet vit en Allemagne, à Krefeld, une ville d’environ 230 000 habitants, située en Rhénanie du Nord. La ville natale de Thierry Hermès, créateur en 1837 de la marque éponyme Hermès, devenue aujourd’hui un groupe de maroquinerie luxe reconnu à l’international.  

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Pourquoi évoquer Hermès dans L’Éveil de Pont-Audemer ? Tout simplement parce que Thierry Hermès est intimement liée à la Venise normande, « la capitale du cuir » comme la surnommaient certains au XIXe siècle. Entre 1828 et 1837, celui qui n’était encore qu’un jeune artisan sellier y est venu parfaire ses connaissances. 

Dans une monographie intitulée Sur les traces de Thierry Hermès, Une histoire franco-allemande par excellence, Pierre Sommet consacre pour la première fois un ouvrage au parcours du fondateur de la marque Hermès. « Un travail acharné que j’ai mené pendant quatre ans », souligne l’écrivain.

De Paris à la Venise normande

Thierry Hermès est né en 1801 à Krefeld. « Son acte de naissance est conservé aux archives municipales de la Ville », précise Pierre Sommet. Né d’un père commerçant qui lui transmet l’esprit d’entreprise, il quitte l’école vers l’âge de 13-14 ans pour suivre un apprentissage afin de devenir sellier. À 20 ans, il part à la conquête de Paris. « Nous sommes en 1821. C’est l’année de la naissance de Louis Vuitton, dans le Jura, qui comme Hermès partira à Paris », note Pierre Sommet.

À l’époque, la concurrence est rude dans l’activité du cuir : « Mais un sellier n’éprouve aucune difficulté à trouver un travail. La France de la Restauration est une société préindustrielle. La demande en harnais et en selles est extrêmement forte », déclare l’auteur. À la fin des années 1820, Paris est en pleine croissance démographique, les véhicules hippomobiles se diversifient. Le premier omnibus à trois chevaux fait son apparition.

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Thierry Hermès habite au 92, rue du Faubourg-Montmartre. Il est sellier dans un atelier rue Saint-Nicolas, dans le quartier des ébénistes et des menuisiers. Mais dans le milieu parisien des selliers-harnacheurs, le cuir en provenance des tanneries de Pont-Audemer (Eure) jouit d’une excellente réputation.

En 1828, à 28 ans, soucieux de perfectionner sa technique du travail du cuir, Thierry Hermès quitte Paris pour la Venise normande, « l’autre capitale du cuir ». La ville compte à l’époque à peine plus de 5 000 habitants.

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À Pont-Audemer se trouve l’entreprise Plummer, riche tanneur-corroyeur anglais, le plus gros employeur de la ville. Thierry Hermès a-t-il travaillé pour Plummer ? Pierre Sommet émet cette hypothèse : « Plusieurs sources l’affirment », assure-t-il. Thierry Hermès a peut-être également été employé par Elliot, fabricant d’éperons, installé dans le quartier Saint-Aignan dans lequel le sellier vivait, rue de la Brasserie ? aux côtés de son épouse.

Selon un descendant de la famille Costil, Thierry Hermès aurait travaillé comme ouvrier dans la manufacture de ses ancêtres.

Pierre Sommet

Deux de ses trois enfants, Charles-Emile et Elisabeth-Joséphine, naissent à Pont-Audemer. En 1837, le couple Hermès regagne Paris. Cette année-là, l’entreprise Hermès sera créée et reprise par Charles-Emile. Thierry Hermès finira ses jours à Neuilly-sur-Seine avant de s’éteindre le 10 janvier 1878.

À travers son ouvrage, Pierre Sommet a voulu montrer l’ascension sociale d’un simple sellier parti de rien : « C’est le contraste violent entre un simple artisan qui a quitté l’école à 13 ans, et la réussite du groupe Hermès. »

Sur les traces de Thierry Hermès, Une histoire franco-allemande par excellence, de Pierre Sommet, aux éditions Complicités. Tarif : 18 €.

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