Le Néerlandais a déposé le Belge dans les 200 derniers mètres, se muant en poisson-pilote idéal pour son sprinteur, lundi.
Bien loin du duo Tadej Pogacar-Jonas Vingegaard, déjà le couteau entre les dents dès le départ à Bilbao, Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck) avait, comme Julian Alaphilippe, passé bien discrètement le Pays basque espagnol lors des deux premières étapes. Trop raides et menées à un train d’enfer, les ascensions basques avaient eu raison de lui et de ses chances. La 3e étape, lundi 3 juillet, se présentait comme la première occasion pour son équipe de briller grâce à lui, ou à son bolide maison, Jasper Philipsen.
Et entre les deux leaders, l’affaire était entendue dès le début : Mathieu aurait des libertés sur les étapes accidentées, avant de se muer en poisson-pilote de luxe pour le Belge lors des sprints massifs. « La plupart du temps, je serai le dernier homme. Peut-être pas à chaque fois, mais quand je me sentirai bien, je serai le dernier homme pour Jasper. Je pense que nous avons prouvé que nous savons faire ce qu’il faut dans les sprints du Tour », ambitionnait van der Poel avant le départ.
Mission réussie dès le premier essai, à Bayonne. « C‘était du tableau noir pour l’équipe. Dans le dernier kilomètre, nous avons tout fait parfaitement avec Jonas (Rickaert), qui a donné un excellent relais. J’avais juste à faire mon travail jusqu’aux 200 derniers mètres, puis Jasper m’a dépassé à grande vitesse. C’est vraiment fort de sa part de finir le travail dès la première opportunité », a retracé à l’arrivée le vainqueur de Milan-San Remo et de Paris-Roubaix cette année.
Au terme d’une étape longtemps sans relief, uniquement marquée par de nombreux problèmes mécaniques, le Néerlandais a déposé à la perfection Philipsen, qui a maté Phil Bauhaus (Bahrain-Victorious) et Caleb Ewan (Lotto Dstny) pour s’offrir sa troisième victoire sur le Tour en deux éditions. « C’était une étape assez facile, à vrai dire. La vitesse était assez tranquille jusqu’aux 40 derniers kilomètres, qui ont été très rapides et dangereux. Personne ne voulait rater cette première opportunité pour les sprinteurs », poursuit van der Poel.
Le vainqueur du jour ne s’y est pas trompé, en rendant hommage à son lanceur. « Avoir un poisson-pilote comme Mathieu Van der Poel, c’est incroyable. S’il a juste un petit espace, il est capable d’y aller et de créer de la vitesse. Personne n’est capable de faire ça. Je peux être vraiment très heureux de la performance de l’équipe. On a eu Jonas Rickaert, puis Mathieu Van der Poel qui a fait un super travail », a loué Philipsen au micro d’Eurosport.
Avec déjà une victoire sur ce Tour, Alpecin-Deceuninck débloque son compteur, et confirme qu’elle répartit au mieux ses deux cartes maîtresses. « Depuis que Jasper est arrivé (en 2021), il y a moins de pression pour Mathieu parce qu’ils sont deux coureurs différents. Quand ils sont tous les deux dans l’équipe et que ça arrive au sprint, il est juste que ce soit pour Jasper », juge Adrie van der Poel, le père de Mathieu. La 4e étape, mardi, devrait une nouvelle fois sacrer un homme rapide, et donc une nouvelle chance pour van der Poel et Philipsen. « Les deux premiers jours ont été durs. Ils peuvent être très heureux parce qu’ils auront moins de pression pour les prochains sprints, et plus de confiance », poursuit le paternel. Rien de plus normal qu’un bolide soit sacré sur le circuit de Nogaro (Gers), reste à savoir lequel si Alpecin-Deceuninck s’impose.
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