La scène en dit davantage qu’un long commentaire. Une femme d’une vingtaine d’années s’attarde, cet après-midi de septembre, devant la vitrine d’une boutique bien en vue de la rue Campinchi, à Bastia. Elle en ressort tout sourire, dix minutes plus tard, sac flambant neuf à l’épaule. Prix en magasin : 3 200 euros. « Je n’hésite pas à me faire plaisir quand j’ai un coup de cœur, glisse cette étudiante bastiaise. J’ai travaillé tout l’été pour pouvoir l’acheter. Mes parents ont complété mais j’ai participé à hauteur de la moitié. »
Le cas de cette jeune femme est loin d’être isolé. En dépit d’une inflation qui grimpe en flèche depuis près de deux ans, il y a bien un secteur qui n’est pas à la peine : celui du luxe. « Il n’y a pas de baisse de régime, confirme Santa Cervoni, responsable de la maison Di Più, dans la rue Miot, depuis une vingtaine d’années. Nous avons une clientèle qui recherche du conseil, de la qualité et de l’exclusivité. »
« Une clientèle d’initiés »
À l’heure où l’on ne compte plus les commerces à vendre dans l’hypercentre, ces enseignes haut de gamme sont celles qui résistent à toutes les crises. La ville la plus pauvre de Corse, où 23 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, cultive le paradoxe. Culture du paraître et de la marque, souci de l’élégance ? « Nous avons une clientèle d’initiés qui sait ce qu’elle achète et a le goût des belles choses, explique Cathy, directrice de la Boutique Rose, sise dans cette artère du centre-ville depuis 35 ans. La crise ne nous a pas impactés. Peut-être même que dans ce contexte, les gens ont besoin de rêver. »
Bien sûr, ces enseignes ont avant tout une clientèle qui a les moyens de ses coups de cœur et à l’abri des aléas d’une inflation qui continue de jouer les prolongations. « Certaines clientes peuvent dépenser, en une saison, plusieurs dizaines de milliers d’euros pour des sacs, des chaussures ou de très belles pièces, confie un commerçant, qui souhaite conserver l’anonymat. Nous avons des adeptes du luxe, qui aiment s’habiller, mais aussi une clientèle qui s’endette pour tenter de dissimuler une situation sociale moins favorable. »
Dans une microsociété insulaire et méditerranéenne, bien souvent basée sur le paraître, c’est peu dire que le segment du haut de gamme tire son épingle du jeu. Quitte à s’adapter. « Nous faisons des facilités de paiement pour une partie des clients, y compris pour quelques centaines d’euros, confie une manager de boutique. Il y a des gens qui aiment les belles choses, mais aussi d’autres qui s’habillent avec soin pour se montrer sur la place Saint-Nicolas, car le regard de l’autre compte beaucoup. En général, ils recherchent les logos les plus apparents. » Le côté « jeunesse dorée » ou « enfant roi » est sans doute pour beaucoup dans ce culte des marques haut de gamme, à en croire les acteurs du segment.
Un « effet d’imitation »
Aux yeux de Sauveur Giannoni, maître de conférences en économie à l’Université de Corse, cet aspect ostentatoire témoigne d’une volonté de trouver une place dans la société et reflète un « effet d’imitation ». Un désir de ressemblance vis-à-vis de groupes sociaux considérés comme appartenant à une classe sociale supérieure. « Il y a une forme de « sbacca » (fanfaronnade, N.D.L.R.) à la bastiaise, reconnaît une commerçante. Des parents font de considérables efforts financiers, peut-être même parfois déraisonnables, pour que leur enfant porte les mêmes accessoires que les autres. En réalité, les jeunes achètent plus pour le regard des autres que pour l’objet en lui-même. »
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