De La Chapelle Atalante V8 : l’incroyable retour du luxe à la française

, De La Chapelle Atalante V8 : l’incroyable retour du luxe à la française

Rare survivant parmi les artisans français, de La Chapelle revient avec cette Atalante à la ligne époustouflante. Nous avons essayé le premier prototype de celle qui incarne le luxe français d’autrefois et la modernité mécanique avec son moteur V8 de Corvette.

Par Nicolas Laperruque

Publié le 18/08/2023 – 12:00

Nous avons découvert et pris en mains le premier prototype de l’Atalante V8 de 2023. Son constructeur, de La Chapelle, est un des derniers représentants du luxe à la française.

Thomas ANTOINE/Ace Team

De La Chapelle, voici un nom qui nous replonge dans l’histoire des artisans français de l’automobile. Ces petits constructeurs français, qu’on retrouvait parfois, au détour d’un stand au Salon de l’Automobile, dans les années 80 et 90, et qui depuis ont tous disparu ou presque. Si de La Chapelle a commencé par construire des évocations de Bugatti, le constructeur a également produit un roadster ou encore un incroyable monospace de luxe dans les années 90. Mais saviez-vous que la marque allait bientôt faire son retour ? 

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Au moment de notre reportage, l’Atalante n’avait pas encore reçu sa peinture définitive. Mais déjà, quelle allure !

Thomas ANTOINE/Ace Team

L’Atalante V8, le nouveau modèle

C’est dans l’atelier de la marque, en Bourgogne, que nous retrouvons Xavier de La Chapelle, fondateur de la marque. Nous ne sommes pas dans une usine anonyme en zone industrielle, mais à la campagne dans les dépendances d’un joli château. L’atelier est tout neuf, bien rangé, et d’une propreté clinique. Depuis environ cinq ans, Xavier et son équipe travaillent sur un tout nouveau modèle, l’Atalante V8. Basée sur un châssis poutre maison, recouvert d’une carrosserie en fibre de verre, la nouvelle Atalante s’annonce impressionnante. “Les prochaines carrosseries seront toutes en carbone” précise notre hôte. Presque un détail tant concevoir et homologuer une voiture en 2023 est devenu complexe.

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C’est dans cet atelier, en Bourgogne, que l’Atalante V8 a été assemblée avec minutie.

Thomas ANTOINE/Ace Team

“Nous avons fabriqué et assemblé ce premier prototype. C’est une commande unique, pour un client. Nous avons terminé la mise au point du modèle, et nous entrons dans la dernière phase qui est celle de l’homologation. Avec les années, les normes deviennent de plus en plus contraignantes pour de petits artisans comme nous” précise Xavier de La Chapelle. « Chaque détail peut se transformer en casse-tête, comme trouver des feux adaptés à la voiture tout en répondant à l’homologation. Dans les années 2000 on pouvait encore homologuer nos modèles sans trop de difficultés. Même si nous étions obligés de passer ces modèles au crash-test, on y arrivait. Aujourd’hui, c’est devenu beaucoup trop coûteux. Ce serait impossible de faire porter à un client le prix d’une homologation classique. On va donc homologuer chaque exemplaire produit à titre isolé.” ajoute Xavier de La Chapelle.

Une ligne inspirée par Bugatti

Ce n’est pas la première fois que de La Chapelle rend un hommage appuyé à la Bugatti Type 57. C’est même devenu, au fil du temps, la marque de fabrique du petit constructeur français. Présentée au Salon de Paris 1933, sous la verrière du Grand Palais, la Bugatti est évidemment une des voitures de collection les plus chères du monde aujourd’hui. “Nous avions déjà commercialisé un modèle appelé Atalante par le passé. Un de nos fidèles clients, qui en avait acheté une, regrettait de l’avoir vendue. Il m’a donc demandé de lui refaire une Atalante, avec un moteur V8, mais également des proportions différentes et une présence sur la route accrue.” Un cahier des charges qui pousse Xavier de La Chapelle a repartir d’une feuille blanche pour concevoir un modèle entièrement inédit.

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Une voiture plus grande, plus large, plus performante, et encore plus exclusive. En termes de design, on retrouve tout ce qui se faisait sur l’ancienne de La Chapelle Atalante mais en mieux. Si les lignes semblent peu évoluer, les différences sont partout et aucune pièce de carrosserie n’est reprise. Le premier exemplaire, qui sert à la fois de prototype de développement et de premier modèle livré, n’a pas encore reçu sa peinture. L’occasion de découvrir ces lignes brutes, sans artifice, avec cette carrosserie en appret blanc. 

Un habitacle fait à la main

Pénétrer dans l’habitacle raffiné de cette Atalante V8 est un moment à part. On actionne une petite poignée chromée avant de plonger littéralement dans un univers oublié. Celui des habitacles fait main, utilisant du bois massif, du véritable aluminium ou encore, et c’est de plus en plus rare dans la production automobile, du cuir véritable ! Le levier de frein à main mérite à lui tout seul le détour, tout comme la plaque “Atalante V8 N°01-Lyon France”.

Mais la palme du petit détail qui tue revient aux commandes de vitres. En apparence, nous sommes en présence de manivelles à l’ancienne pour vitres manuelles, mais une simple impulsion sur cette manivelle les transforment en électriques. Evidemment, il s’agit d’un prototype en cours de finition. Manquent quelques éléments comme les montants de pare-brise, les contre-portes en cuir, la moquette ou quelques petits détails encore provisoires. Mais peu importe, l’esprit est là, nous sommes assis dans une voiture absolument unique. Contact ! 

Sur la route, avec le V8 Corvette en prime !

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Conduire une voiture avec un long capot, une immense calandre et deux grandes ailes de chaque côté est une expérience à part.

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Première bonne surprise, et contrairement à ce que laisse penser sa ligne, nous sommes très bien installés à bord de cette Atalante. Une vieille habitude chez de La Chapelle. “Lorsque j’ai lancé la marque dans les années 70, je suis monté dans le premier prototype et je me suis rendu compte que la voiture était bien trop petite. Je suis assez grand et depuis toutes les de La Chapelle offrent suffisamment d’espace pour le conducteur, quelle que soit sa taille” précise Xavier.

C’est évidemment avec une clé “à l’ancienne” que nous lançons la procédure de départ. Les aiguilles des compteurs Jaeger nous gratifient d’une belle cinématique avant de laisser place à l’allumage du moteur V8. Le son vous envahit brutalement, plus américain que français, presque anachronique dans la cour du château au volant d’une quasi Bugatti. Mais peu importe. Les Facel Vega n’étaient-elles pas équipées de moteurs V8 de chez Chrysler ? Les lignes sont majestueuses et classiques, mais la technologie offre tout ce qui se fait de mieux aujourd’hui. Sous le capot, un moteur V8 de Corvette développant 461 ch avec une paire d’échappements travaillés. Les premiers mètres sont hésitants, le gabarit est impressionnant. Nous ne sommes tout simplement pas habitués à conduire derrière un si long capot et entre deux immenses ailes. Chez de La Chapelle le voyage débute avant même d’avoir atteint la route. 

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L’Atalante repose sur un châssis poutre maison entièrement nouveau. Son V8 6.2 affiche une puissance de 461 ch et un couple de 617 Nm.

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Dans l’allée du château, l’Atalante V8 évolue sur un filet de gaz et tout en douceur, grâce à la boîte automatique à huit rapports. Une boîte manuelle sera également disponible sur demande. Après quelques kilomètres et une série de virages, on se surprend à apprécier la rigueur de la direction. Ni trop ferme, ni trop souple, offrant une belle constance et un point milieu précis, c’est une réussite. Mais c’est le châssis qui nous surprendra le plus. Malgré un gabarit respectable, cette Atalante V8 se montre particulièrement bien née. “Les suspensions sont encore en cours de réglage” nous confient les techniciens. En adoptant des réglages “un poil ferme”, cette de La Chapelle dévore facilement les entrées de courbe, vire à plat et s’en sort la tête haute.

Ceux qui ont déjà conduit les anciens modèles de la marque reconnaîtront la “patte” de La Chapelle. Bien installé derrière le cerceau tout en bois, dans de confortables fauteuils, on apprécie l’efficacité de la climatisation maison. “Sur une voiture à ce prix, il est impensable d’avoir une climatisation qui ne fonctionne qu’à moitié. Nous n’avons rien trouvé qui nous convenait. On a donc décidé de concevoir nous-même notre climatisation, pensée pour ce modèle.” explique le patron. En adoptant une philosophie de Grand Tourisme, l’Atalante V8 incite au voyage. Mais attention, la moindre sollicitation de la pédale de droite transforme cette fille de bonne famille en punk en une seconde. Avec à peine 1 450 kilos à traîner (la version de série devrait descendre à 1 350 kg), la mécanique de Chevrolet Corvette transforme cette Atalante en catapulte. La comparaison avec la Corvette n’est pas si saugrenue. La française pèse 200 kilos de moins que l’américaine et donc 300 en version de série. 

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Cette Atalante V8 sera homologuée à titre isolé.

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À retenir

  • Unique, ce prototype pourrait donner lieu à une production en très petite série, avec quelques exemplaires annuels. Pour le moment, de La Chapelle cherche encore des investisseurs pour financer la mise en production. Cette Atalante V8 pourrait alors permettre à la marque française de reprendre sa longue histoire. En attendant, le premier exemplaire de cette voiture française haute-couture préparée à la main a un prix à la hauteur de son exclusivité : 500 000 € environ.

Fiche technique De La Chapelle Atalante V8 2023 

  • Moteur : V8 – 6.2l – Euro 6, bloc aluminium
  • Puissance : 461 ch
  • Couple : 617 Nm
  • Boite automatique 8 vitesses
  • Longueur : 4,650 m
  • Largeur : 1,92 m
  • Hauteur : 1,34 m
  • Poids : 1350 kg

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De La Chapelle : 120 ans d’histoire. 

Si Xavier de La Chapelle décide en 1975 de lancer sa marque, c’est en hommage à ses grands oncles, qui au début du siècle dirigeaient la marque lyonnaise Stimula. Au début du 20ème siècle, le constructeur, un des rares à construire ses propres moteurs, produira plus de 1000 voitures. Xavier se lance alors dans les évocations de Bugatti et fait appel à Jacques Hubert, ancien de chez Matra et père de la Jet pour réaliser les premiers protos. En 1984, a société “Messier-Hispano-Bugatti”, propriétaire des droits de la marque Bugatti autorise Xavier De La Chapelle à apposer le badge Bugatti sur ses productions.

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Xavier de La Chapelle, à gauche, en compagnie de deux techniciens de la marque.

Les De La Chapelle ne sont pas des Bugatti mais ce sont les seules à avoir le droit de porter le nom. Les modèles se succèdent avec les Type 55, Grand Prix et Atalante. Au début des années 90, de La Chapelle présente le monospace de luxe Parcours, doté d’un V12 Jaguar puis d’un V8 Mercedes, ainsi qu’un roadster. Une grande époque pour Xavier de La Chapelle, qui est alors également à la tête du constructeur Venturi. Avec cette Atalante V8, de La Chapelle prouve qu’on peut encore fabriquer des voitures à l’unité en France.

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