Un hôtel de luxe Qatari
Car l’autre partie de l’ancien bâtiment de l’Etat-major va devenir… un hôtel de luxe. L’est de l’Îlot-Saint-Germain a été racheté en 2019 par le fonds Constellation Hotels, lui-même détenu par le fonds d’investissement souverain du Qatar. Cette fois-ci, l’opération a permis à l’État d’empocher la coquette somme de 368 millions d’euros. Une juteuse opération alors même que les services de Bercy n’évaluait qu’à 222 millions d’euros cette partie de l’Îlot Saint-Germain, selon un rapport de la Cour des comptes. Le palace, sa centaine de chambres et sa piscine en rooftop devraient voir le jour d’ici au deuxième trimestre 2025.
Un voisinage atypique qui sert les ambitions d’Anne Hidalgo, à l’offensive sur la disponibilité de logements sociaux dans la capitale. La maire de Paris a réaffirmé son objectif de « 40% de logements sociaux et abordables à Paris en 2035 ». Problème, les négociations avec l’État semblent au point mort pour la cession de nouveaux bâtiments.
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D’autres bâtiments visés par la Ville
Alors que les négociations sur la vente de l’îlot-Saint-Germain avaient débuté sous le mandat de François Hollande, désormais « les discussions sont bloquées avec le gouvernement », déplore la maire de Paris. Cela n’empêche pas Anne Hidalgo de cibler ouvertement trois nouveaux bâtiments, propriétés de la Direction générale des Finances publiques, afin de les transformer en logements sociaux : un immeuble rue Saint-Hyacinthe dans le IIe arrondissement, un autre rue Crillon dans le IVe, et enfin un grand bâtiment rue Geoffroy-Saint-Hilaire dans le Ve.
Mais nous devons aller encore plus loin, il y a urgence. C’est pourquoi l’État doit avancer avec nous sur 3 de ses propriétés, pour les transformer en logements sociaux. Nous sommes prêts.
Ainsi, près de 350 parisiens pourraient être logés à prix abordable. pic.twitter.com/5WiYZgFxJB
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) September 13, 2023
Trois bâtiments, principalement des immeubles bureaux, qui pourraient accueillir 144 nouveaux logements sociaux selon les services de Ville. « On est déjà très avancés sur ces trois projets, avec des études de faisabilité, assure-t-on du côté de l’Hôtel de Ville. Ce qui coince, c’est le financement. Le gouvernement ne veut pas nous accorder une décote suffisante. » Contactés, les services de Bercy n’ont pas encore confirmé l’existence de ces discussions.
Même sans l’appui de l’État, la Ville de Paris continue de pousser pour la création de logement sociaux, notamment dans les quartiers les plus huppés. Pour cause, la transformation de l’Îlot Saint-Germain va faire bondir le taux de logements sociaux du VIIe arrondissement, le faisant passer de 2,2% à 3%.
Déséquilibre entre l’est et l’ouest parisien
“Le VIIe arrondissement est en extrême déficit de logements sociaux”, tacle Anne Hidalgo. Un arrondissement dirigé par Rachida Dati, d’un bord politique opposé. Si le VIIe fait figure de lanterne rouge – c’est l’arrondissement avec le plus faible taux de logements sociaux dans la capitale–, Rachida Dati assure accueillir ce projet favorablement.
« Quand j’ai été élu maire du VIIe en 2008, le taux de logements sociaux était de 1,2%, contre 3% aujourd’hui, rappelle l’ancienne Garde des sceaux. Un chiffre qui s’explique par le peu de foncier disponible, à un prix très élevé, dans un arrondissement déjà très dense. » Pour la cheffe de l’opposition de droite au conseil de Paris, le rachat de l’Îlot Saint-Germain est un type d’opération qui doit rester exceptionnel : « L’estimation du prix de vente était, pour ce bâtiment, de 86 millions d’euros. C’est grâce aux efforts de l’Etat que cela pu se faire : ce lieu a pu être acheté à 29 millions d’euros grâce a une décote de l’Etat de 57 millions d’euros ».
Selon la loi SRU de 2000, les plus importantes communes devront compter au moins 25% de logements sociaux d’ici à 2025. Dans ce domaine, Paris fait partie des bons élèves. Selon l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR), en prenant en compte les logements sociaux déjà financés, ce taux atteignait déjà 24,9% au 1er janvier 2022. Mais la maire socialiste veut aussi rééquilibrer ces logements sociaux au sein de la Ville.
Car la répartition des HLM est loin d’être homogène d’un bout à l’autre de de la capitale. Quand le XIXe arrondissement compte 44,5% de logements sociaux, le VIe n’en compte que 4,4%. En attendant, l’offre de logements sociaux reste très loin de pouvoir satisfaire la demande. Selon l’APUR, plus de 260.000 ménages sont demandeurs d’un logement social à Paris. L’année dernière, seulement 10.772 ménages ont en ont obtenu un.
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