Nuitées dans un hôtel de luxe, pierres haut de gamme pour sa terrasse personnelle, embauche d’une proche par la collectivité : le tribunal correctionnel a commencé, lundi, à disséquer les pratiques du président (DVD) de la métropole de Lille (Mel), Damien Castelain.
La présidente du tribunal rappelle d’emblée que l’élu de 56 ans, jugé pour détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêts, recel et favoritisme, préside depuis 2014 l’une des plus grandes métropoles de France, au budget annuel d’environ 2 milliards d’euros.
Lui sont notamment reprochés la prise en charge par la collectivité de nuits dans un hôtel cinq étoiles près du Parc des Princes à Paris, de repas avec sa compagne, d’un costume à 1.500 euros ou d’un parfum Hermès, ainsi que l’usage d’un véhicule pour ses déplacements personnels.
Un « problème de méthode »
Les montants en jeu sont « ridicules », « même pas 100 euros » pour un repas pour deux personnes au restaurant, minimise Damien Castelain. Il reconnaît toutefois un « problème de méthode », notamment dans l’usage d’une carte bancaire de la Mel et rappelle qu’il a remboursé quelque 20.000 euros de dépenses prises en charge par la régie de son cabinet.
Certaines de ces dépenses rentraient dans ses frais de représentation, argue-t-il, tandis que d’autres étaient destinées à faire des cadeaux. « Les deniers publics peuvent servir à vous prélasser dans un bain à bulles ? » s’étonne la procureure, faisant référence aux soins dans des spas réglés par la Mel. « Cela pose problème et j’ai remboursé », répond Damien Castelain.
Un sous-préfet sur le banc des accusés
Le président de la Mel est aussi interrogé sur les quelque 22.000 euros de frais d’avocat pris en charge par la Mel pour sa défense dans l’affaire du Grand Stade, dans laquelle six personnes, dont lui, avaient été mises en examen pour divers faits de corruption, favoritisme ou encore trafic d’influence, avant un non-lieu.
Si sa protection fonctionnelle n’est pas en cause, le tribunal lui reproche de ne pas avoir fait voter cette décision par le conseil métropolitain, comme la procédure le prévoit, mais de l’avoir fait valider par son vice-président. Il est accusé de s’être « auto-arrogé un pouvoir » pour une décision qui le concernait et d’avoir ainsi éludé le débat politique.
Sur le banc des accusés se trouve aussi le sous-préfet d’Aix-en-Provence, Bruno Cassette, ancien directeur général des services de la Mel. Lui est jugé pour complicité de prise illégale d’intérêts et atteinte à la liberté d’accès aux marchés publics.
Le procès doit se poursuivre jusqu’à jeudi.
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