Se positionnant comme accélérateur de marques, le groupe Red Luxury fourbit ses armes pour s’imposer comme le nouveau géant indépendant de la joaillerie de luxe accessible.
Par Hervé Dewintre
Publié le 08/08/2023 à 17h00
Temps de lecture : 4 min
Alors que le marché mondial de la joaillerie est estimé à 100 milliards d’euros (prix au détail), les marques représentent seulement 25 % du marché. Ce potentiel a aiguisé l’intérêt de Romain Bénichou et David-Emmanuel Cohen, qui ont fondé Red Luxury en 2012. « Notre activité s’est initialement focalisée sur le développement de lignes horlogères pour des marques de mode françaises, expliquent les deux jeunes entrepreneurs. Puis, nous avons identifié les opportunités offertes par le marché de la joaillerie, notamment de la fine jewelry, que les Américains appellent également « bridge jewelry ». Un secteur intermédiaire entre le bijou fantaisie et les lignes précieuses des grandes institutions du secteur. »
Restait à trouver la perle rare. Ce sera Ginette NY, maison créée aux États-Unis en 2002 par la Marseillaise Frédérique Dessemond avec le soutien d’Édouard Frojo. La marque dispose de nombreux atouts : des collections iconiques en or 14 carats pour le marché américain, 18 carats pour le marché européen ; et une image forte, ciselée avec soin par la fondatrice. « Nous leur avons proposé de garder la main sur la direction artistique (produit et image) tandis que, de notre côté, nous mobilisions nos équipes et notre réseau pour assurer le développement industriel, commercial et financier de la marque », indique David-Emmanuel Cohen.
Chiffre d’affaires multiplié par cinq
Ce partage des responsabilités donne ses fruits. L’acquisition permet au groupe de renforcer sa présence à l’international, notamment Genève, New York et Dubai, tandis que Ginette NY enregistre une croissance à deux chiffres. Cette première réussite incite les deux entrepreneurs à répondre positivement à la demande de Pamela Love en 2019. La créatrice new-yorkaise, qui propose des collections en or recyclé 18 carats, parfois serties de pierres fines ou précieuses, mais aussi en laiton doré à l’or fin ou en argent, cherchait des partenaires industriels pour l’aider à structurer et développer sa marque homonyme à l’international. « En appliquant la même recette, nous avons multiplié son chiffre d’affaires par cinq », s’enorgueillissent les deux entrepreneurs.
À LIRE AUSSIJoaillerie – Ces petites bêtes qui montent, qui montent… Quelles recettes précisément ? « Notre pari a été de nous focaliser sur les marques dont les designers/fondatrices souhaitent rester impliquées dans la création et dont le potentiel de développement est multicanal et international. Ensuite, nous nous sommes investis dans ce que nous appelons la joaillerie de luxe accessible : des bijoux haut de gamme conçus avec des matériaux précieux et fabriqués avec un savoir-faire ancestral mais qui sont plus abordables que les pièces proposées par les maisons de luxe traditionnelles. Ces créations sont conçues pour le quotidien. »
Réveiller « une belle endormie »
En 2020, Red Luxury fait l’acquisition de Reminiscence et The M Jewelers. « Il s’agissait de nous renforcer sur des segments complémentaires. Notre pari sur Reminiscence est de réveiller “une belle endormie”. Cette marque française iconique, née dans les années 1970, a révolutionné le secteur de la haute fantaisie à la fois par son esthétique bohème et colorée, inspirée des voyages et des cultures du monde, mais aussi par son approche artisanale et créative. The M Jewelers est une digital native vertical brand (DNVB) qui s’est fait connaître sur le segment du nameplate [bijou personnalisable aux moyens de lettres, NDLR]. Cette marque Instagram a connu un essor fulgurant ces dernières années aux États-Unis. « L’enjeu pour nous consiste désormais à développer un réseau de commerces. Nous avons déjà ouvert des points de vente à New York, Los Angeles et Tokyo, et nous prévoyons d’ouvrir un corner chez Selfridges à Londres et Citadium à Paris. »
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Pour soutenir sa croissance, le groupe Red Luxury – qui vient par ailleurs de signer un contrat de licence, exclusif et mondial avec G-III Apparel Group pour exploiter les collections bijoux de Sonia Rykiel – a ouvert son capital à un fonds londonien cofondé par Julian Saada et Grégory Mager. Ces deux investisseurs sont à l’origine du succès de Maesa, concepteur de produits cosmétiques « clés en main », passé sous contrôle du fonds américain Bain Capital en 2019. Objectif : devenir l’un des premiers groupes mondiaux dans la joaillerie de luxe accessible. Comment ? En accélérant le déploiement de points de vente physiques tout en renforçant la présence des marques du groupe à l’international, et notamment aux États-Unis, via l’ouverture de succursales et le recrutement d’équipes locales.
Les chiffres semblent confirmer la vigueur de cette ambition. Le groupe achève l’année 2022 avec un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros (dont 16 millions de dollars aux États-Unis) ; il en réalisait 500 000 en 2012. « Nous prévoyons d’accroître notre volume de vente à l’international, de 55 % aujourd’hui à 70 % d’ici à 2027 », précise Romain Bénichou. Cette année-là, le groupe espère atteindre les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires.
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