Joyau du patrimoine de Rouen, l’hôtel de Bourgtheroulde est un lieu emblématique de la cité normande. Situé au cœur de la ville, sur la place de la Pucelle, il est à ce titre classé au titre des monuments historiques.
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Mais avant de devenir ce luxueux hôtel, rénové en 2010 puis en 2021, l’établissement a connu de nombreuses vies. Accompagné de l’historien local Jacques Tanguy, on vous retrace son histoire.
Racheté de famille en famille
L’édifice est « un remarquable hôtel de la Renaissance construit à la fin du XVe siècle par Guillaume II le Roux, seigneur de Bourgtheroulde », précise dans un premier temps Jacques Tanguy. Il est alors conservé par la famille le Roux jusqu’en 1685.
L’hôtel est ensuite vendu à d’autres familles à l’instar des Grumesnil, avant d’être racheté par Jean Baptiste Charles Le Sens de Folleville, marquis de Folleville et issu d’une famille de parlementaires.
En 1805, il est racheté par Jean Mathéus, un négociant en toiles. Celui-ci le loue à une banque, Le Comptoir d’escompte. « C’était une banque spécialisée dans le financement des activités agricoles. On l’appelait la banque du lait », note l’historien. Pendant 200 ans, l’ancien hôtel de la Renaissance devient donc un établissement financier.
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Le musée des antiquités aurait pu y prendre place
Par ailleurs, « avant de devenir une banque, la Ville de Rouen a envisagé pendant un temps d’y déménager le musée des antiquités. Mais le projet a capoté car l’espace était trop petit et surtout trop cher ».
En 1885, « le Comptoir d’escompte devient le CIN, le Crédit Industriel de Normandie. L’hôtel est finalement vendu au début des années 2000 à une société du nord de la France spécialisée dans les établissements situés dans des lieux historiques », précise Jacques Tanguy.
L’hôtel de Bourgtheroulde, rénové, ouvre en 2010 pour devenir celui qu’on connaît aujourd’hui. En 2021, plusieurs millions d’euros sont investis pour son « rafraîchissement ».
Comment la ville de Rouen a perdu une formidable collection d’art
« Dans les années 1880, Eugène Dutuit, un richissime collectionneur rouennais, veut racheter l’hôtel de Bourgtheroulde pour y installer sa collection personnelle. Alors locataire des lieux et se voyant mis à la porte, le CIN préfère acheter l’hôtel dans des conditions un peu obscures », souligne Jacques Tanguy.
En juillet 1902, Auguste Dutuit, le frère d’Eugène, fait finalement don à la ville de Paris d’une énormissime collection familiale de près de 20 000 œuvres d’art, au grand désarroi de Rouen, ville natale de la famille.
« On a perdu une extraordinaire collection par la bêtise des banquiers. Ces œuvres forment aujourd’hui les collections du Petit Palais à Paris », détaille Jacques Tanguy.
Joyau de la Renaissance française
« L’hôtel est évidemment connu pour sa décoration de la Renaissance, poursuit Jacques Tanguy. On retrouve ainsi, à l’entrée de la cour, deux médaillons qui représentent François Ier et le roi d’Angleterre Henry VIII. »
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Par ailleurs, sur le logis principal, « une salamandre représente les armes de François Ier. Et à côté, un phœnix, symbole d’Éléonore d’Autriche, deuxième épouse de François Ier ». L’hôtel mérite son titre de joyau de la Renaissance française.
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