L’équivalent de nos Gafam. La France détient une forme d’oligopole sur le luxe mondial avec cinq multinationales. Certes leurs capitalisations sont moins élevées que celles d’Apple et autres Google, mais le leader, LVMH pèse tout de même 400 milliards d’euros. Surtout, par rapport aux géants de l’internet et de la tech, la particularité de ces cinq sociétés (LVMH, Kering, Chanel, L’Oréal et Hermès) est qu’elles sont familiales, avec un capital bien moins éclaté. Ainsi la famille Wertheimer détient 100% du groupe Chanel, qui n’est pas coté. Concernant les quatre autres, les familles ne sont pas à 100%, mais détiennent le contrôle.
Les chiffres donnent le tournis. Selon Challenges, la fortune cumulée de ces cinq familles frise les 550 milliards d’euros et la capitalisation des quatre mastodontes cotés (Chanel, n’est pas en Bourse) atteint presque 40% du CAC 40. Outre ce patrimoine, ils peuvent compter sur de solides revenus. Cette année, ils ont ainsi encaissé 6,5 milliards d’euros de dividendes au titre de l’exercice 2022. Challenges s’est interrogé sur la façon dont ces super-riches placent cet argent, sachant que même avec un train de vie très haut de gamme, il est difficile de tout consommer…. Arnault, Pinault, Wertheimer, Dumas-Hermès, Bettencourt Meyers: chacune des familles a des équipes dédiées pour gérer sa fortune avec des stratégies très différentes. Revue de détail.
Bernard Arnault achète du….LVMH
La priorité du patron et actionnaire de LVMH (actionnaire de Challenges), dont la fortune s’élève à 203 milliards d’euros, est très simple. Son objectif est de renforcer encore son contrôle sur le géant du luxe. Le 1er mars dernier, le groupe a annoncé un programme de rachat d’actions d’1,5 milliard d’euros, contre un milliard en 2022. En deux ans, le milliardaire a ainsi réussi à gonfler sa part du capital de 46,43 à 47,14%, quand bien même la valorisation de LVMH bondissait de 27%. Le montant des dividendes versés en 2023 s’élève à 2,84 milliards d’euros.
Bettencourt Meyers mise sur le made in France
La petite-fille du fondateur de L’Oréal, à la tête d’une fortune de 77,2 milliards d’euros, a une idée très précise de ses critères d’investissement. « Des entrepreneurs charismatiques, des entreprises françaises non cotées, et des investissements de long terme pour contribuer à créer les L’Oréal de demain », résume un financier proche de Françoise Bettencourt Meyers. Les dividendes de la famille se sont élevés à 933 millions d’euros cette année. Il en découle une stratégie d’investissement finalement assez diversifiée.
Pinault fonctionne au coup de coeur
François Pinault (Kering) est connu pour sa fabuleuse collection d’art contemporain (il est par ailleurs actionnaire de Christie’s). Mais la famille, via son holding Artémis, s’est aussi constituée un empire dans le vignoble. Sans compter les croisières Ponant, le magazine Le Point, le club de football du Stade Rennais, et même une marque de voiture très haut de gamme et vintage: Delage. L’obsession du milliardaire breton a toujours été d’allier passion et rentabilité. Pari gagné puisque la fortune de la famille dépasse les 31 milliards d’euros, avec un dividende annuel de 620 millions d’euros.
Les Wertheimer se diversifient discrètement
Les héritiers de Chanel, Alain et Gérard Wertheimer, dont la fortune est estimée à 100 milliards d’euros ont confié à leur demi-frère, Charles Heilbronn la gestion du family office. Présente à New York et en Asie, cette structure agit en toute discrétion. Parfois dans des secteurs assez éloignés du luxe. La fratrie a ainsi misé sur des salles de fitness, une chaine de restaurant ou encore dans MessageBird, une plateforme de communication. Pragmatisme, opportunisme et discrétion sont les secrets de ces héritiers qui se sont partagés 1,5 milliard d’euros de dividendes cette année.
Les Hermès investissent en famille
Ils sont nombreux (près de 200) et immensément riches, puisque leur fortune est de près de 138 milliards d’euros. Les héritiers Hermès, qui se sont partagés 570 millions d’euros de dividendes se sont organisés en plusieurs holding permettant de cadenasser le capital. Ils se sont également dotés d’une structure dédiée au capital investissement permettant de prendre des participations. Cette structure, baptisée Krefeld, est gérée par Matthieu Dumas, le frère du patron opérationnel du groupe, Axel Dumas, considéré comme le manager le plus performant du CAC 40. Elle serait dotée d’un demi-milliard d’euros.
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