Une vente aux enchères de vêtements et accessoires de luxe (Gucci, Vuitton, Saint-Laurent, Chloé, Bottega Veneta ou encore Balenciaga) se déroulera samedi 7 octobre à Château-Thierry au profit de la Ligue contre le cancer de l’Aisne. L’objectif est d’améliorer la qualité de vie des Axonaises frappées par le cancer du sein.
Un coup d’œil dans les armoires, des petits trésors dénichés. Dans l’Aisne, Catherine Dujardin a redécouvert quelques belles pièces dans sa garde-robe, à la faveur d’un tri. Plutôt que de les revendre directement, cette Axonaise a décidé de fédérer autour d’elle quelques généreuses donatrices et Me Sophie Renard, commissaire-priseur à Château-Thierry. Samedi 7 octobre, à 17 h 30 à la salle des ventes de Château-Thierry, des robes, des sacs, des manteaux, des chaussures et des accessoires de marques de luxe telles que Gucci, Vuitton, Saint-Laurent, Chloé, Bottega Veneta ou encore Balenciaga seront mis aux enchères, sans frais de vendeurs.
Adoucir la vie des femmes en cours de traitement
Les gains réalisés sur les 200 lots seront reversés exclusivement à la Ligue contre le cancer de l’Aisne « qui sera présente ce jour-là ». Pour Catherine Dujardin et Sophie Renard, confrontées à la maladie de proches, il s’agit bien sûr de faire la promotion d’Octobre rose et du dépistage du cancer du sein, mais cette vente est aussi un moment de plaisir qui permettra très concrètement d’adoucir la vie des femmes en cours de traitement.
« Une perruque coûte très cher et une partie n’est pas prise en charge. Après une ablation d’un sein, les soutiens-gorge spéciaux sont aussi très mal remboursés. Les crèmes, les vernis pour les ongles qui tombent à cause de la chimio sont aussi très coûteux », résume Catherine Dujardin, sensible et sensibilisée à ce sujet, plus encore pour les habitants du département de l’Aisne : « Nous n’avons pas de CHR ou de CHU dans l’Aisne. Les femmes doivent aller dans la Marne ou dans le Nord et elles ont besoin d’être accompagnées lors de certains soins. Les nuits d’hôtels pour les proches sont encore des frais supplémentaires. »
Plusieurs interventions et témoignages sont prévus lors de cet événement : une jeune femme de 21 ans viendra témoigner, un médecin du centre Oscar-Lambret de Lille et Pierre-Jean Verzelen, sénateur de l’Aisne, prendront également la parole. Me Renard organise gratuitement cette vente, ce qui représente plusieurs jours de travail, et fera don d’une partie de ses honoraires. Interenchères offre les frais du live.
Catherine Dujardin imagine déjà une seconde édition lors de laquelle elle pourra « rendre compte très concrètement des actions menées et mieux faire connaître la Ligue dans l’Aisne ». En 2022, le taux de participation des Axonaises au dépistage organisé du cancer du sein était le plus faible de la région Hauts-de-France avec 46,9 %, avec une nette disparité entre le nord et le sud du département. À Château-Thierry notamment, les femmes sont 57,3 % à effectuer la mammographie préconisée.
Avec un peu plus de 5 000 nouveaux cas de cancer du sein par an, l’incidence du nombre de cancer du sein dans la région est la même qu’au niveau national. En revanche, les Hauts-de-France présentent une surmortalité importante de 25 %. Plus de 1 260 femmes meurent chaque année dans la région.
La double peine des habitantes de l’Aisne
Corinne se souvient de ce jour terrible où sa vie s’est arrêtée. « C’était en 2018. Le médecin m’a annoncé que j’avais un cancer du sein, très agressif, de stade IV. Je n’avais rien ressenti, ni boule, ni douleur. La cathédrale de Laon m’est tombée dessus. » Cette Axonaise avait tout juste 50 ans et venait de recevoir un courrier pour participer au dépistage systématique du cancer du sein : « J’étais en arrêt après une opération du canal carpien et comme j’avais un peu de temps, j’ai avancé mon rendez-vous pour faire ma mammo. Ce jour-là, le docteur m’a avertie qu’il fallait faire une ponction. » Deux semaines plus tard, son médecin traitant l’appelle en urgence. Une tumeur de 2 millimètres a été décelée : « Il a pris rendez-vous pour moi à l’institut Godinot. » Moins de deux semaines plus tard, Corinne était opérée. « Le cancer avait avancé très vite. À l’opération, la tumeur faisait 2 centimètres ! Le dépistage m’a sauvé la vie. Sans ça, six mois après, je n’étais plus là. Ce qui est incroyable, c’est que d’habitude, j’étais toujours en retard pour mes examens médicaux. »
L’annonce de la maladie a été douloureuse : « J’étais en pleine forme. Ce n’était pas possible. J’ai pleuré pendant quinze jours. J’ai pensé tout de suite que c’était fini, à l’avenir de mes enfants, à mon entourage. Et puis une nuit, je me suis réveillée et je me suis dit : merde, j’ai le droit de vivre ! »
Aujourd’hui, cette page de sa vie est presque tournée. Ces beaux cheveux blonds platine et ondulés qui la caractérisent tant ont repoussé. Outre la douleur, physique et mentale de les perdre, elle se souvient à quel point vivre dans l’Aisne lui a compliqué la vie : « À Godinot, on m’avait donné une liste de coiffeurs où trouver une perruque mais dans l’Aisne, je n’en avais pas. Quand tu es loin des centres, tu te débrouilles toute seule. » Elle a frappé aux portes des coiffeurs : « C’est extrêmement difficile à se procurer. Elle n’arrive pas non plus du jour au lendemain. » La distance crée aussi des frais supplémentaires : « J’avais des bons de transports pour la chimio mais une partie n’était pas remboursée, ça restait à ma charge. Venant de l’Aisne je n’avais pas le choix. La Sécu te demande tout un tas de paperasse mais toi, tu n’es pas bien. » Pour elle, c’est la double peine pour les Axonaises.
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