Castañer ou comment l’espadrille a mis un pied dans le luxe

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Il est de ces rencontres qui changent le destin de marques comme de personnes. Dans la petite usine de fabrication d’espadrilles Castañer à Banyoles, au cœur de la Catalogne, on garde comme une relique, accrochée aux murs, une série de croquis d’Yves Saint Laurent. Des esquisses de silhouettes, élancées, colorées, perchées sur des chaussures que personne n’avait imaginées jusque-là. Ce sont ces talons vertigineux en semelle de corde, et ces lacets noués à la cheville, imaginés par le Français, qui font aujourd’hui encore la renommée mondiale de la marque d’espadrilles catalanes.

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Lors de son passage à Madrid, la première dame américaine, Jill Biden, a fait une razzia dans la boutique Castañer, au point de déclencher une vague d’achats outre-Atlantique. La reine Letizia ou Kate, la princesse de Galles, sont des clientes fidèles et ouvrent à la marque les pages des magazines people. À Cannes, les espadrilles Castañer sont des habituées du tapis rouge, depuis que la star espagnole Penélope Cruz les a popularisées sur grand écran, dans les années 1980. Elles chausseront la belle Margot Robbie, qui incarne Barbie dans le film sur la poupée américaine. « La production nous a fait deux demandes très spéciales : une hauteur de talon que nous n’avions jamais produite et une chaussure totalement végane, sans peau animale », s’amuse Rafael Castañer, l’un des trois frères à la tête de l’entreprise familiale, inscrite au registre du commerce de la commune de Banyoles depuis 1776.

Dalí, García Lorca et Picasso

Avant de devenir un accessoire glamour, les espardenyas en catalan, alpargatas en espagnol, espadrilles en français étaient la chaussure traditionnelle des paysans espagnols. Dès les années 1930, Castañer va compter des inconditionnels de ses sandales : le plus fantasque des Catalans, Salvador Dalí, son ami le poète Federico García Lorca et le grand Pablo Picasso, adeptes d’une version assortie d’un ruban noir, plutôt élégante. C’est elle qui va taper dans l’œil d’Yves Saint Laurent lors d’une visite d’un salon professionnel parisien dédié à la chaussure, auquel les Castañer participaient. Le styliste demande alors aux Catalans s’ils peuvent en fabriquer de plus hautes. Les espadrilles dotées de talons compensés vont apparaître sur le podium des défilés Yves Saint Laurent, au début des années 1970, pour ne plus en redescendre. Aujourd’hui encore, de l’usine de Banyoles sortent des modèles fabriqués pour les plus célèbres marques de mode. Rafael Castañer et ses deux frères sont tenus à la discrétion. « Plus de 90 % des grands noms du luxe travaillent avec nous », commente-t-il sobrement, entouré de cartons siglés Hermès ou Chanel.

Ces dernières années, la tendance hippie chic a donné un coup d’accélérateur aux espadrilles que Castañer explore sous toutes ses coutures. Chaque collection est l’occasion d’utiliser de nouveaux matériaux : le satin, le Lurex, le raphia… Les modèles sont conçus et fabriqués à Banyoles, à 120 kilomètres au nord de Barcelone. Le chausseur utilise encore des machines hors du temps, comme ces métiers Jacquard pour tisser les chevillères, qui assurent le maintien au pied de l’espadrille. Il fabrique ses semelles en caoutchouc à partir de gomme naturelle et surtout tresse ses semelles de corde à la main. « Tous nos tissus, cuirs ou daims proviennent d’Espagne. Seul le jute est acheté au Bangladesh », précise Rafael Castañer.

Slow-fashion

Cet été, il s’est associé à la styliste new-yorkaise Diane von Fürstenberg pour l’édition 2023 de la collection capsule qu’il lance régulièrement, avec des paires vendues à plus de 200 euros. Après une première collaboration avec le prince de la chaussure haut de gamme Manolo Blahnik, le Catalan a enchaîné avec Missoni, Paul Smith, ou Altuzzara. « C’est un excellent moyen de nous positionner dans l’univers du luxe », estime l’industriel. Il exporte déjà 80 % de sa production de 300 000 paires par an dans ses boutiques en propre, comme celle de Milan, ouverte cette année, auprès de grands magasins comme Le Bon Marché, à Paris, ou Saks Fifth Avenue, à New York, et chez des détaillants multimarque. Étendre son réseau, développer sa gamme pour homme, sa collection hiver, les ventes en ligne, lui offrent de solides relais de croissance. Rafael Castañer préfère évoquer les valeurs de la marque, redéfinies récemment avec les salariés : « artisanale », « authentique », « intemporelle », « méditerranéenne ». « Le concept de slow-fashion nous va très bien », résume-t-il.

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