Le café, bientôt un produit de luxe ? Pourquoi le prix de votre expresso risque de s’envoler

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Il y a quelque chose qui cloche dans cette plantation de café. Dans le Minas Gerais, première région caféière du Brésil, on trouve habituellement des champs tirés à quatre épingles, sur une terre rougeâtre parfaitement vierge. Mais ici, on voit comme des mauvaises herbes entre les rangées, une ruche un peu plus loin, là-bas des arbres qui dépassent… « Approchez par ici », invite Paula Curiacos, agenouillée entre deux rangées, près des mauvaises herbes. Thermomètre en main, la propriétaire des lieux nous fait constater que la terre est ici 15 degrés plus fraîche que sur le chemin vierge qui mène à sa ferme. « Une terre vivante, c’est une terre pleine d’oxygène, qui respire, et qui nécessite beaucoup moins d’eau et de fertilisants. Chez nous, le credo est simple : la terre doit être recouverte tout le temps ».

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On comprend alors que les broussailles sont en réalité un subtil mélange de sarrasin et de millets, que les arbres qui dépassent sont là pour enrichir les sols et permettre un ombrage adéquat, et que les abeilles, sensibles à toute variation météo, servent à Paula de sentinelles climatiques. « Ce n’est pas de la poésie, c’est de la science, martèle la caféicultrice, installée à Patrocinio avec son mari depuis 2006. Si on ne fait pas évoluer notre agriculture, il n’y aura plus d’avenir ici ».

Le café est l’une des cultures les plus menacées par le réchauffement climatique. Les plants sont fragiles, poussent uniquement dans des zones subtropicales, le plus souvent entre 800 et 2000 mètres d’altitude. Et c’est encore plus vrai pour l’arabica, variété la plus appréciée du marché occidental, mais moins résistante aux aléas climatiques que son cousin le robusta.

La plantation de café de Paola Curiacos, dans le Minas Gerais (Brésil)

La plantation de café de Paola Curiacos, dans le Minas Gerais (Brésil)

© / Três Meninas

Selon une étude complémentaire menée cette année par Doug Richardson, un climatologue australien, « l’augmentation des températures nuit à la production ». Mais ce n’est pas tout. « Nous avons démontré que les évènements climatiques anormaux, telles que des sécheresses, des canicules ou des pluies torrentielles, se multiplient et affectent le bon déroulé des récoltes. Nous avons été frappés de voir à quel point ces phénomènes s’enchaînaient partout en même temps dans les zones subtropicales », dit-il à L’Express. Au Brésil, la production de café a baissé de 7,7 % entre 2021 et 2022. Dans son rapport, l’Organisation internationale du café l’explique notamment par un gel très inhabituel pour la région.

« On nous prenait pour des illuminés »

A l’échelle planétaire, l’horizon a de quoi inquiéter : 25 millions de familles vivent de cette récolte. Le plus souvent, ce sont des petits exploitants. Déplacer leurs plantations plus haut en altitude ou se convertir à une agriculture durable coûte parfois cher, et occasionne d’abord un manque à gagner pour ces familles. Au-delà, c’est aussi toute une industrie qui doit se retrousser les manches pour assurer la pérennité de cette matière première à l’origine d’un marché mondial qui pèse 120 milliards d’euros. « La filière est à risque, admet Julie de Ferron, directrice de la communication de Nespresso. Nous souhaitons aider l’ensemble des caféiculteurs avec lesquels nous travaillons à transitionner vers l’agriculture régénératrice ». Le géant suisse a d’ailleurs recruté au fil des années plus de 400 agronomes, qui épaulent les exploitants à rendre leurs plantations plus résilientes, et moins gourmandes en engrais et en eau. Les acteurs du secteur tels Lavazza ou Malongo s’engagent aussi sur des trajectoires durables. Chez IllyCaffé, on vient même d’annoncer le lancement d’un Arabica moulu issu de l’agriculture régénératrice.

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« Au Brésil, il existe des pionniers, que l’on accompagne depuis des dizaines d’années », poursuit Julie de Ferron. Paula Curiacos en fait partie. L’exploitante de Patrocinio leur a vendu l’année dernière 30 % de sa production. « Quand nous sommes arrivés il y a dix-sept ans, les autres producteurs de la région nous prenaient pour des illuminés. Maintenant ils viennent nous demander des conseils. Nous avons bâti un modèle à suivre », sourit-elle.

Paula Curiacos, caféicultrice à Patrocinio (Brésil)

Paula Curiacos, caféicultrice à Patrocinio (Brésil)

© / L’Express

Le chemin reste long. Sur les quelque 300 000 producteurs brésiliens, 10 à 15 % pratiquent une agriculture régénératrice, estime une journaliste brésilienne spécialiste du monde agricole. Autrement dit, la méthode intensive tient encore solidement les rênes. L’association RainForest Alliance déplorait d’ailleurs en 2019 que les trois quarts du café vendu dans le monde ne présentaient toujours aucune certification ou norme de production durable. « A ce stade, les efforts sont insuffisants pour contrer le changement climatique, rappelle Doug Richardson. Pour le café, l’espoir réside dans des pratiques agricoles plus durables. Mais il y a des raisons de craindre que la production se raréfie, et que, pour les consommateurs, les prix s’envolent ».

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