Luxe : la caution « senior

Maggie Smith ? Elle n’était connue que des amateurs de théâtre classique… et des fans de Harry Potter : elle incarnait Minerva McGonagall, la prof. Sur un des épisodes de cette saga, en 2007, elle jouait à se transformer en chat tout en enchaînant dans la vie des séances de chimiothérapie pour soigner son cancer du sein.

Chauve, elle portait une ­perruque et luttait contre les malaises et les nausées. Un sacré caractère, aussi stoïque que féroce. Depuis ­­ « ­Downton Abbey », c’est la gloire sur le tard : impayable dans le rôle de l’aristocrate pète-sec et corrosive ­Violet Crawley. Son humour vachard n’est pas qu’un rôle de composition.

Elle préfère la discrétion à la vie hollywoodienne

Dans la vraie vie, Maggie n’hésite pas, par exemple, à recadrer les flatteurs : « N’exagérons pas ! Jouer dans ces productions était à la limite de l’ennui. » Ce qu’elle aime, c’est la scène, point. Le seul terreau où cette virtuose s’épanouit. Mais c’est au cinéma qu’elle a décroché ses trophées : deux Oscars, trois Golden Globes, six Bafta, quatre Emmy Awards. Un trésor national anobli par la reine Elizabeth. Deux fois ! précisent les Anglais. En 1990, elle est élevée au rang de Dame commandeur dans l’ordre de l’Empire britannique et, en 2014, elle est faite Compagnon d’honneur. C’est tout ce CV que s’offre Loewe en convoquant ce monument dans ses pubs. Bravo Jonathan Anderson, le styliste de la marque.

En interview, cette amoureuse de Shakespeare et ­d’Ibsen se présente à nu, vierge de tout artifice. Ni maquillage ni bijoux, la chevelure blanche, elle porte des couleurs neutres. Elle assure n’avoir jamais regardé sa série. « Je n’y tiens pas. » Et s’avoue moyennement contente du formidable succès ­d’audience : « Avant “Downton”, je pouvais faire mes courses, aller voir tranquillement des galeries… maintenant c’est impossible ! » se désolait-elle à l’époque. Égérie Loewe, elle ne va plus oser aller chez Marks & Spencer.

A quand une pub Loewe pour notre actrice française ?

Notez, pour une actrice exigeante comme elle, poser pour Juergen Teller, le photographe réputé pour son style trash, c’est une expérience plus féconde qu’un tournage… « où vous poireautez des heures dans votre roulotte avant de jouer. Et, contrairement au théâtre, pas question de rattraper un dérapage. Quelle horreur ! ». Il y a quatre ans, elle a regagné les planches et décroché encore un nouvel award : seule en scène, elle incarnait la secrétaire de Goebbels racontant le nazisme.

Ce même texte (« Une vie allemande », de Christopher Hampton) était récemment interprété avec brio à Paris par Judith Magre, 96 ans ! Alors, à quand une pub Loewe pour notre actrice française ? Avec elle, pas de ronchonnades sur les inconvénients de la ­célébrité. Judith n’a pas été anoblie par la reine, mais elle reste une brune piquante qui se maquille, porte des bijoux et – contrairement à Maggie – n’oublie pas son rouge à lèvres. Pour le « business », le charme du grand âge se conjugue mieux à l’anglo-saxonne : Judi Dench, Helen Mirren, Joan Didion… Est-ce à dire que la Française est trop « hexagonale » ? ou pas ­crédible en super-senior ?