Pour ce second épisode de notre série sur les maisons des Illustres, direction la région parisienne. Sur une colline boisée se cache l’éphémère demeure d’Alexandre Dumas, un endroit étonnant où l’écrivain a laissé la trace de son âme.
Sitôt la barrière franchie, on pénètre dans un autre monde. Trois hectares de verdure, sous d’immenses arbres, entrecoupés de sources, de cascades, de rocailles, de mini-grottes… Une telle impression d’évasion à 20 kilomètres de Paris, même si le bruit de la circulation en contrebas est constant, c’est plutôt rare. « Évidemment, au XIXe, il n’y avait aucun bruit de moteur, rappelle Frédérique Lurol qui nous accueille. Il appelait même l’endroit sa petite réduction du paradis terrestre. Il y avait des chiens, des chats, une volière, des singes… »
Et surtout, le propriétaire des lieux bénéficiait d’une splendide vue sur la Seine, aujourd’hui barrée par un rideau d’arbres qui cachent eux-mêmes l’urbanisation galopante des XXe et XXIe siècles.
Lire aussi : Comment Alexandre Dumas a déformé l’histoire pour créer le mythe des Trois mousquetaires
Mais qui vivait ici ? L’un des auteurs les plus célèbres du patrimoine littéraire français, Alexandre Dumas père. L’auteur des Trois Mousquetaires et du Comte de Monte Cristo pour citer deux de ses œuvres les plus connues a posé ses valises sur cette colline de Port-Marly. Pas longtemps, mais suffisamment pour laisser sa marque avec ce parc à l’anglaise, entourant une maison de campagne étonnante et une deuxième bâtisse tout aussi particulière qui lui servait de cabinet de travail.
« Alexandre Dumas était extrêmement populaire et riche à l’époque, rembobine la directrice de cette Maison labellisée des Illustres. À Paris, il sortait beaucoup au théâtre, il était constamment sollicité. Il avait déménagé à Saint-Germain-en-Laye, à trois kilomètres de là pour échapper à cela et travailler au calme. Sauf que ça ne s’est pas arrangé à Saint-Germain. En se baladant, parce que Dumas était un amateur de marche, il est tombé en admiration sur ces terrains qui, à l’époque, étaient plantés de vignes. Il les a rachetés au prix fort aux paysans locaux avant de confier la construction à l’architecte Hippolyte Durand. »
Lire aussi : QUIZ. Êtes-vous incollable sur l’univers d’Alexandre Dumas ? Testez-vous en 11 questions
Un peu mégalo quand même
Et ce n’est pas n’importe quelle construction. La « maison de campagne », ressemble plus à un petit manoir, dont les façades toutes sculptées de mille et un détails évoquent le vocabulaire Renaissance. Végétaux, instruments de musique, ceinture orientale, armes côtoient des visages d’écrivains gravés dans la pierre : Chateaubriand, Homère, Virgile, Dante… Dumas, lui-même, n’a pas oublié de se représenter au-dessus de la porte d’entrée, tandis que sur les clochetons s’entrecroisent ses initiales, entourant les armoiries de sa famille, et sa devise personnelle « J’aime qui m’aime ».
Un peu mégalo, Alexandre Dumas ? Le flamboyant écrivain est connu aussi pour ça, et son cabinet de travail, petit castel bâti à quelques dizaines de mètres, en est une nouvelle preuve. Sur les parois finement ouvragées de cet édifice difficilement qualifiable architecturalement (entre néo-gothique, normand et chalet suisse…), il a, outre une ancre rappelant le Comte de Monte Cristo, fait graver le nom de quatre-vingt-huit de ses œuvres : la reine Margot, La Dame de Montsoreau, Amaury, Le Speronare, Le Corricolo, Joseph Basalmo, La Tour de Nesle…
Vous n’en connaissez que quelques-unes ? C’est normal et c’est tout l’intérêt de la visite du château de Monte-Cristo – dénommé ainsi après qu’un cocher a fait l’amalgame entre le personnage de Dumas et l’auteur lui-même – et du château d’If (son cabinet de travail).
S’il n’y a quasiment plus de meubles d’origine, la visite de la maison est prétexte à redécouvrir la vie et l’œuvre d’un romancier, homme de théâtre, fondateur de journaux, voyageur aux récits prolixes, cuisinier talentueux auteur d’un dictionnaire culinaire. « Il a écrit plus de 300 volumes dont une partie n’est plus éditée », précise Frédérique Lurol.
La pièce majeure en est sans aucun doute un salon mauresque à l’étage aux sculptures et arabesques finement ciselées. Alors en voyage en Tunisie, Dumas avait réussi à convaincre deux artisans de Tunis, occupés à bâtir le mausolée du Bey (le gouverneur), de le suivre en France pour réaliser cette pièce de son château en priorité.
Il a fini ruiné
Le natif de Villers-Cotterêts a eu raison de presser les choses. Alexandre Dumas emménage dans le château en 1846. En 1847, il pend sa crémaillère. En 1848, rattrapé par des ennuis financiers propres à son train de vie élevé. Il écrira d’ailleurs à ce sujet : « Le Plutarque qui écrira ma vie ne manquera pas de raconter que j’étais un panier percé, en oubliant d’ajouter, bien entendu, que ce n’était pas toujours moi qui faisais les trous au panier. »
Il est contraint de vendre son mobilier dans un premier temps. En 1849, il revend tout le château de Monte-Cristo à un prête-nom qui lui loue. Mais en 1851, il faut fuir les créanciers et s’exiler à Bruxelles. C’en est déjà fini d’Alexandre Dumas à Port-Marly. Mais sa trace, qui a pourtant failli disparaître au début des années 1970 avec un projet de construction de résidence à la place du château, y est désormais indélébile.
Cette chronique se veut produite de la façon la plus authentique que possible. Dans la mesure où vous décidez d’apporter des précisions concernant le sujet « Luxe » il est possible de d’échanger avec notre équipe. Le site plaisir-secret.fr a pour finalité de publier diverses publications autour du sujet Luxe communiquées sur la toile. Pour vous faciliter la tâche, plaisir-secret.fr vous produit cet article qui aborde le thème « Luxe ». Consultez notre site plaisir-secret.fr et nos réseaux sociaux dans l’optique d’être informé des prochaines parutions.
