Pourrait-il s’agir d’une tendance de fond ? Au printemps 2023, la mouvance « luxe discret » fait son apparition à la suite du procès de Gwyneth Paltrow pour un accident de ski. L’actrice marque alors les esprits en arborant tous les jours au tribunal des tenues d’un chic intemporel et délesté de tout signe ostentatoire de richesse – qui viennent toutes de griffes de luxe. Après plusieurs saisons marquées par la proéminence de logos, de volumes exagérés, d’une esthétique sexy/trash décongelée des années 2000, le « quiet luxury » en VO semble se faire une place sérieuse sur les podiums de la fashion week milanaise qui a eu lieu du 19 au 25 septembre.
Fendi joue toujours un peu avec son logo « F », présent sur les sacs, mais la tonalité générale est sobre. Le désigner Kim Jones a été inspiré par la beauté impérissable de Rome, en particulier du Colisée, qui se trouve sur le chemin de son bureau. Pour le défilé, point d’amphithéâtre en vue, mais des statues blanches et monumentales de sacs Fendi devant lesquelles passent des élégantes parées pour toutes les occasions. Certaines n’ont qu’une simple robe en maille monochrome col roulé (mais subtilement découverte sur une épaule), d’autres jouent avec les couleurs, avec un pantalon à pinces anis sous un trench ocre et des gants vermillon.
La version soir se décline sous forme d’une longue robe bleu ciel, comme un drap de satin nonchalamment posé sur le corps. Le public, composé d’une brochette de stars quinquagénaires (Kate Moss, Demi Moore, Linda Evangelista, Naomi Campbell…), incarne les clientes idéales de ce vestiaire de très bon goût, d’une rectitude et d’une précision parfois un peu froides.
De son côté, Max Mara propose une version plus solaire du « quiet luxury », inspirée par un thème qui n’a rien de fastueux : le quotidien de l’Armée britannique des femmes de la terre (Women’s Land Army), ces 80 000 femmes venues des campagnes ou des villes qui, pendant la seconde guerre mondiale, se sont engagées dans les travaux agricoles pour nourrir la nation pendant que les hommes étaient au combat.
Pour donner du cachet à ses pièces « workwear », le designer Ian Griffiths les a taillées dans une épaisse toile blanche de coton, les a teintes séparément, puis passées à la machine pour nuancer leur couleur et « donner à chaque pièce un caractère unique ». Le résultat est très convaincant, qu’il s’agisse de grands trenchs indigo sans col, des robes tabliers bleu roi, des combi-shorts magenta, des chemises jaune bouton, des pantalons à poches plaquées émeraude ou des vestes ocre.
Jupes plissées avec un veston à même la peau
Chez Ferragamo aussi, la source d’inspiration s’éloigne de l’opulence : Maximilian Davis s’est intéressé à l’arte povera, ce mouvement artistique d’avant-garde apparu en Italie dans les années 1960, qui privilégie l’usage de matériaux naturels ou récupérés. Le designer a transposé l’idée d’anoblir des matières élémentaires par la création en travaillant de simples toiles de coton et de lin qu’il a brodées sur des capes de satin ou traitées pour qu’elles se confondent avec du cuir. « Je voulais que les choses soient légères, à la fois en termes de tissu et de construction, mais aussi de silhouette. Que cette collection soit pure et honnête, mais intéressante au toucher », explique le designer. Elle foisonne en tout cas d’idées, entre les toges à motifs abstraits qui enveloppent le corps, les costumes aux manches fendues jusqu’aux épaules et les robes moulées en cuir rigide, illuminées par de gros fermoirs en argent comme des bijoux.
A défaut de mettre en avant leur logo, les marques versées dans le luxe discret ont plutôt tendance à promouvoir la qualité de leur artisanat. C’est exactement ce que fait Tod’s, qui, pour célébrer le made in Italy, convie ses invités dans les ateliers de fabrication des décors de la Scala de Milan : les mannequins se fraient un chemin entre des colonnes ou des sculptures en plâtre qui serviront pour la prochaine production de l’opéra, Don Carlos, de Verdi, dont la première aura lieu en décembre.
Pour sa dernière collection chez Tod’s, le designer Walter Chiapponi s’est inspiré des années 1990, la décennie dominée par le minimalisme de Prada et Helmut Lang, pour concevoir un vestiaire d’un goût parfait dans lequel les femmes ont l’air à l’aise. Les tailleurs sont à la fois formels mais très souples (car sans toile intérieure), les jupes plissées foisonnantes sont portées avec un veston à même la peau, une robe chemise terre-de-Sienne suffit à donner de l’allure. Faussement simple, habilement coupée, cette garde-robe a aussi le mérite de ne pas proposer une vision de la femme fantasmée.
C’est aussi la force de Jil Sander, capable de créer un vestiaire qui donne de l’allure sans avoir l’air d’y penser. Les designers Luke et Lucie Meier ne s’embarrassent pas de concepts, ils jouent sur les contrastes, entre féminin et masculin, quotidien et glamour, le tout porté par une recherche technique très poussée et des matières à tomber. Le défilé s’ouvre sur une robe vert amande dont le haut en maille fine contraste avec l’opulence de la jupe en laine épaisse froncée ; la mannequin porte aussi un petit bonnet fin et un collier de grosses pierres scintillantes. Un manteau rose pâle un peu trop large, un vaste trench noir, une robe en popeline blanche ajourée de broderies, une chemise XXL qui cache les mains, une longue robe ivoire simplement décorée de deux ronds métalliques au niveau du col chemise… Il suffit parfois de peu de choses pour avoir l’air très classe.
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