Les lunettes, nouveau produit d’appel des géants du luxe

En 2009, sur le plateau du « Late Show with David Letterman », l’animateur américain demande à Anna Wintour ce que peut bien s’acheter une personne qui ne dispose que d’un budget de 20 dollars pour être « à la mode ». La rédactrice en chef de Vogue US répond du tac au tac : « Un rouge à lèvres. » Près de quinze ans plus tard, la repartie ne vaut plus.

Et les portes d’entrée du luxe – ces catégories de produits qui permettent aux classes moyennes de s’offrir un bout de rêve logotypé, porte-clés, porte-monnaie et portefeuilles, foulards, maquillage, parfums… – semblent, pour certaines, s’être refermées, tandis que d’autres s’ouvrent.

S’il faut compter environ 45 euros pour une bouche rouge signée d’une grande maison de luxe française, mieux vaut disposer d’une centaine d’euros pour un parfum, d’un millier pour une paire de baskets et de plus de 3 000 euros pour un sac à main… Sans même parler du célèbre sac à rabat classique de Chanel, passé de 5 800 dollars en 2019 (5 000 euros), à 10 200 dollars (8 900 euros) aujourd’hui, s’émouvait The Wall Street Journal, au printemps dernier.

Selon le cabinet d’analyse de données Edited, ­installé au Royaume-Uni, les prix des biens de luxe ont en moyenne augmenté de 25 % depuis 2019, les rendant toujours plus inaccessibles pour les consommateurs dits « aspirationnels », une cible pourtant capitale pour les marques.

« Des modèles souvent logotypés »

Dans ce contexte, les lunettes de vue ou de soleil apparaissent comme un accessoire de luxe plutôt abordable. « Elles constituent un moyen pour les consommateurs d’acheter leurs marques favorites à un prix raisonnable. Dans une situation économique tendue, avec le pouvoir d’achat qui se contracte pour toutes les tranches d’âge, surtout les jeunes actifs, il y a un report des achats vers des produits moins chers », explique Caroline Ardelet, professeure à l’Institut français de la mode.

Selon Joëlle de Montgolfier, directrice de la recherche pour les pôles Luxe et Distribution du cabinet de conseil américain Bain & Company, les lunettes ont aussi des spécificités intéressantes. « A la différence du parfum ou du maquillage, les marques que l’on porte se remarquent et sont facilement identifiables. Les modèles sont souvent logotypés et, de plus, ils s’affichent au milieu du visage. Comme c’est un accessoire très visible, les clients sont encore plus sensibles aux notions d’esthétique et de distinction. Par ailleurs, une partie du prix d’achat peut être remboursée par une mutuelle. »

Lunettes de vue en acétate, Maison Margiela × Gentle Monster. Lunettes de vue en acétate, Maison Margiela × Gentle Monster.

Hasard ou pas, en octobre, alors qu’il publiait des résultats financiers négatifs sur le troisième trimestre 2023 (chiffre d’affaires à − 13 % en données publiées, avec des baisses significatives endossées par ses principales maisons, Gucci, Saint Laurent et Bottega Veneta), le groupe Kering voyait son pôle lunettes tirer son épingle du jeu. Kering Eyewear, qui conçoit et distribue les paires de dix-sept marques (dont celles du groupe), affichait une croissance à deux chiffres (+ 34 % en données publiées), et confirmait ainsi une tendance générale du secteur : le boom de l’optique de luxe.

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