Bonaventure Ndikung : « On n’a pas le luxe d’être apolitique

, Bonaventure Ndikung : « On n’a pas le luxe d’être apolitique

Bonaventure Ndikung devant la Maison des cultures du monde, à Berlin, le 29 juin. Bonaventure Ndikung devant la Maison des cultures du monde, à Berlin, le 29 juin.

Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, le nouveau directeur de la Maison des cultures du monde (HKW) depuis le 1er janvier, a rouvert le centre d’art berlinois cet été. Le Camerounais de 46 ans, qui était à la tête du centre indépendant Savvy, revient sur la façon dont il redonne vie à ce lieu emblématique installé dans le quartier Tiergarten. Pour lui, la culture ne peut pas se permettre d’exister sans faire écho aux crises environnementales et géopolitiques.

En 2009, vous ouvriez à Berlin un centre d’art indépendant, Savvy. Près de quinze ans plus tard, vous êtes à la tête de la grande institution qu’est la Maison des cultures du monde, dont Savvy voulait se différencier à l’époque. Quel regard portez-vous sur votre parcours ?

J’ai eu la chance d’être là au bon moment, mais après avoir fait un vrai travail ! Savvy était effectivement une critique des institutions. Ce que je reprochais à un lieu comme la Maison des cultures du monde, c’était d’être un peu une cage, dans le sens où on y montrait « l’autre ». A l’époque, on voyait très peu d’expositions avec des artistes d’Amérique du Sud, d’Asie ou d’Afrique. C’était toujours dans des contextes tels que la Semaine du climat d’Asie-Pacifique ou « Africa Now », c’est-à-dire que les artistes étaient coincés dans leur géographie au lieu d’être situés dans le contemporain. Je ne voulais pas accepter que l’art contemporain, d’où qu’il vienne dans le monde, soit seulement regardé avec les lunettes de l’Occident. Créer un lieu où on mettrait l’art et l’analyse en avant, mais où on montrerait aussi des références et des points de vue pluriels était une réaction et un pied de nez, c’était nécessaire que ça existe !

Comment vous y étiez-vous pris pour faire autrement ?

La stratégie, c’était de tisser des liens entre des pratiques et à travers de grands projets de recherche, mais aussi de constituer une archive. Dès le début, nous avons tenu à financer des publications qui allaient avec les expositions, car il y avait le besoin d’écrire et de créer des références. On a tout de suite mis en place une bibliothèque de livres et de revues, car, si des générations de penseurs et d’artistes ont été invisibilisées, c’est aussi à cause d’un manque d’archives accessibles à tous. Puis on a commencé à travailler avec d’autres pays, par exemple à travers un programme international sur l’art et la santé mentale, qui nous a conduits d’un centre psychiatrique de Venise (Italie) à Essaouira (Maroc) autour du gnaoua, puis à Lubumbashi (République démocratique du Congo), où les Belges avaient conçu un urbanisme hygiéniste.

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