Crise du logement : assurer sa maison, bientôt un luxe

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Se loger. Un besoin primaire qui peine à être satisfait en France, en 2023. Et la situation n’est pas près de s’améliorer. Déjà l’objet de multiples contraintes – normes environnementales, prix élevé du foncier, encadrement des loyers…- le secteur immobilier est aujourd’hui bouleversé par la remontée des taux. Nos explications et les pistes pour sortir de l’impasse dans ce dossier spécial en six volets.

L’enfer est planté de bonnes intentions. A Roncq, dans la métropole lilloise, la mairie avait coutume d’offrir un arbre à chaque naissance. Avec le recul, Vincent Ledoux, l’édile de cette commune de 2001 à 2017, se demande aujourd’hui si ces plantations n’ont pas eu des effets pervers. Le type de végétaux choisi, leur distance par rapport au bâti… Voilà des paramètres auxquels on ne prêtait guère attention il y a quelques années. On connaît désormais leur impact potentiel sur un phénomène, lui-même amplifié par un climat de plus en plus sec : le RGA, pour « retrait-gonflement des argiles ». Soit la variation de volume des sols argileux selon leur teneur en eau, qui fragilise les fondations et fissure les maisons, jusqu’à les rendre inhabitables.

Le RGA, un fléau insidieux

Ce fléau-là n’a pas de prénom. Moins spectaculaire que les tempêtes Ciaran ou Domingos, il est plus insidieux. Avec un risque à grande échelle : plus de 11 millions de maisons individuelles y sont exposées, une bonne moitié du parc français, dont 3,3 millions à un degré qualifié de « fort ». Vincent Ledoux, devenu député Renaissance du Nord et auteur d’un rapport sur le sujet remis au ministre de l’Intérieur en octobre, milite pour encourager la prévention. « Le risque RGA est un véritable impensé de l’action publique », déplore-t-il, réclamant la création d’un « diagnostic argile », au même titre que le diagnostic énergétique. « Certains biens, dégradés, se vendent au prix du terrain », alerte l’élu. Et même après réparation, qui prendra le risque d’acheter ces maisons ? Et qui acceptera de les assurer ?

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En 2022, les indemnisations liées au phénomène de RGA, déclenchées quand le lien de causalité entre les dommages et la sécheresse est reconnu, ont atteint le niveau inédit de 2,9 milliards d’euros, soit un gros quart de l’enveloppe annuelle liée aux sinistres climatiques. Ce n’est que le début. « Sur les trente prochaines années, le coût cumulé de la sinistralité sécheresse pourrait tripler par rapport aux trente dernières années, passant de 14 à 43 milliards d’euros », prévient-on chez France assureurs.

Demain, des assurances à deux vitesses ?

Les compagnies tirent la sonnette d’alarme, inquiètes des répercussions du changement climatique sur l’équilibre du système. Certains assureurs disent perdre de l’argent sur le segment multirisque habitation depuis des années. Le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles (« Cat nat ») est, quant à lui, déficitaire depuis 2015. La surprime prélevée sur la cotisation des contrats d’assurance des particuliers et des entreprises pour financer ce partenariat public-privé, entre les assureurs et la Caisse centrale de réassurance, n’est plus suffisante. Sans compter que le régime « Cat nat » ne prend pas en charge les conséquences des tempêtes, assumées par les seuls assureurs – 6,4 milliards d’euros l’an dernier.

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« Le choc climatique est d’une telle violence que, si rien n’est fait collectivement, on évoluera inexorablement vers un système d’assurance très cher, beaucoup moins couvrant – c’est-à-dire avec des franchises élevées et des garanties plus limitées –, et qui pourra exclure la couverture de certaines activités ou zones géographiques. Une rupture d’égalité. Ce serait le pire des scénarios », redoute Philippe-Michel Labrosse, le patron d’Abeille Assurances. Nicolas Théry, le président du Crédit mutuel, refuse de se résoudre à une telle exclusion : « Il n’y a pas de problème d’assurance habitation si la mutualisation des grands nombres domine l’optimisation des petits nombres ». Ce qui n’empêchera pas la facture de gonfler, pour tous.

L' »assurabilité » fait actuellement l’objet d’une mission, confiée par Bercy et le ministère de la Transition écologique à l’ancien responsable de Crédit agricole assurances, Thierry Langreney. Ses conclusions sont attendues courant décembre.

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